Crimée: Le Katanga en Ukraine à Solution d’une Mission Onusienne de Maintien de la Paix

L’erreur humaine est de confondre le silence et la conviction ou acceptation. Il arrive souvent que le silence résulte du rapport de forces; alors que la conviction relève d’un consentement, approbation et appropriation. La meilleure d’attitudes serait de confirmer que le silence exprime le consentement comme ça se dit que « qui ne dit mot consent ».

La Crimée est une République autonome  de l’Ukraine au statut spécial et couvre une superficie de 27160 Km2. Elle est située vers le nord de la mer noire au sud de l’Ukraine, à la frontière avec la Russie. Dans le temps anciens, la Crimée qui est une péninsule Ukrainienne, fut partie de l’Empire d’Ottoman, Russe et de l’Union des Républiques Socialistes Soviétiques (URSS). Au sein de l’URSS, la Crimée constituait aussi une République Socialiste Soviétique autonome. Pendant la deuxième guerre mondiale, la Crimée fut occupée par les forces allemandes. En 1954, elle fut cédée par la République Socialiste Soviétique de Russie à la République Socialiste Soviétique  de l’Ukraine. En 1991, la Crimée est rattachée à l’Ukraine après le démembrement de l’ex- URSS encore comme une République autonome. Sa capitale est Simféropol.

Sa population est composée en majorité par des russophones (58,30%), Ukrainiens (24,30%), Tatars de Crimée (12,10%), Biélorusses, Arméniens, Juifs, Grecs et autres. La population de Crimée est estimée à plus de 2.500.000 en 2012. La Crimée a une constitution du type autonome, stipulant qu’elle fait partie de l’Ukraine. Donc, la constitution Ukrainienne prime sur celle de la Crimée. Les récents acharnements en Ukraine entre pro-européens et pro-russes ont occasionné des changements à Kiev, la capitale Ukrainienne et la destitution le 22/02/2014 de l’ancien président Viktor Yanukovych. Cette destitution fut suivie par l’installation d’un nouveau gouvernement. Ces types de tensions se sont répandues en Crimée et ont occasionné des heurts et affrontements comme ce fut à Kiev.

En Crimée, la crise a pris une tournure inattendue dans la mesure où cette dernière est occupée par des militaires russes ‘déguisées’; et le parlement Criméen à demander formellement à la Russie d’accepter que cette République autonome soit une partie de la fédération Russe. Un referendum est prévu pour le 16/03/2014. Ce referendum, une fois tenu, la majorité des russophones remporteraient; et la Crimée pourrait faire partie de la Russie. Seules les pressions et possibles sanctions contre la Russie pourront peser un poids et faire que cette tendance fait marche en arrière.

Y’a-t-il des similarités entre la Crimée et le Katanga de la République Démocratique du Congo (RDC)? En réalité Non. Toutefois, le passé et ambitions séparatistes rapprochent les deux cas.

 Le Katanga-Shaba est une riche province située au Sud de la DC. Elle couvre une superficie de 496.877 Km2. En 2013, la population du Katanga est estimée aux environs de 6 millions. La province a déclaré son indépendance et sa sécession au Congo-Kinshasa le 11/07/1960. Et sa chute se situe en Janvier 1963, presque deux ans et demi d’autogestion. Les ambitions séparatistes des Katangais n’ont jamais cessées et font l’objet d’actualité ces trois dernières années. C’est au travers le phénomène Bakata-Katanga que le séparatisme ancré dans les esprits d’un grand nombre de Katangais se manifeste. L’origine du séparatisme remonte de longues années, même pendant la période coloniale.

Le Katanga semblait ne pas faire partie de l’Etat Indépendant du Congo sous le règne du roi Léopold II, selon certaines sources. Le roi Léopold II conquit le Katanga après l’assassinat du de M’siri en décembre 1891. Toutefois le Katanga avait, sous le règne du roi Léopold II, une structure d’administrative spécialisée qui était dans les mains du Comite Spécial du Katanga (CSK), créé en 1900. Le reste du Congo, sous le roi Léopold II, avait une seule administration commune. En 1908, au passage de l’Etat Indépendant du Congo au Congo-Belge, le Katanga fut érigé en Vice-Gouvernement Général en 1910 et relevait directement de Bruxelles. Le Vice-Gouvernement General du Katanga fut aboli en 1933.

Depuis lors, les sentiments Katangais de séparatisme se régénère jusqu’aujourd’hui en 2014. La région qui fut nommée Shaba du temps de Mobutu a retrouvé son ancienne appellation en 1996 à travers un fils Katangais, Laurent Désiré Kabila. Bien que le pouvoir, à tort et à travers, est considéré comme appartenant aux Katangais car le président de la République est originaire cette province, le sentiment indépendantiste n’a jamais cessé. Et il est fort probable que durant le règne de Mobutu en nos jours, ce sentiment séparatiste se taise quelquefois en face de rapport de force ou dû aux intérêts stratégiques du milieu politique Katangais.

De fois, il nous arrive de penser que le phénomène Bakata-Katanga est une barbarie des hommes sans agenda ni souci des droits humains. Mais, il est aussi possible de faire allusion à la misère que connait notre peuple où la réponse facile est « du berger à la bergère ». Toutefois, l’histoire et la sagesse demandent aussi de comprendre et d’analyser les réactions répétitives[1] pour enfin trouver une solution durable. Mon étonnement est que même les medias sociaux ont de groupes nommés Katanga et Ses Amis[2]. Sur l’un de ces groupes sociaux, l’ensemble des discussions porte sur l’indépendance du Katanga. Bizarrement, un pourcentage estimé aux russophones de Crimée abonde dans le sens d’un meilleur et fort Katanga indépendant. Peut-être une expression de la jeunesse car cette dernière est considérée comme celle utilisant plus les medias sociaux. Les politiciens Katangais nous cachent leurs positions car la famille le désapprouve et décident de gérer la question à l’amiable.

Le point de vue évoqué dans cet article ne doit pas être confondu à un appui médiatique de Bakata-Katanga. L’auteur est conscient de la nécessite de l’intangibilité territoriale qui doit être couplée avec une conviction de la population fière de partager une entité géographique qui leur appartient en réalité. Le délabrement des conditions socio-économiques de la population congolaise risquent de submerger ce sentiment national.

Enfin, la question qui se pose est de savoir si le Katanga pourrait trouver une puissance derrière lui demanderait un referendum d’auto-détermination et à quelle pourcentage le NON remporterait. Ensuite, s’il y a moins de similarités, la Crimée a-t-elle besoin d’un Ralph Bunche ou Martin Kobler à la tête d’une mission Onusienne de maintien de la paix ? L’une des différences entre Crimée et Katanga  est le Produit Intérieur Brut (PIB/Habitat). En Ukraine, il est de presque 8,000$/an ; alors qu’en RDC, il est aux alentours de 340$/an. Les potentialités économiques ou la gestion de l’affaire publique seraient peut-être à l’origine de cet écart remarquable. D’où, la crise au Katanga peut s’interpréter et se résoudre par la mise en place d’un système politico-administratif à mesure de servir la population et ainsi réduire cette misère qui est devenue chronique. Votre avis peut toujours me convaincre autrement.

Ntanyoma R. Delphin

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PhD & Visiting researcher @POLISatLeeds. Interest: Microeconomic Analysis of Violent Conflict, Genocide Studies and violence targeting minority groups. Congolese, blogger advocating for Equitable Redistribution of Ressources & national wealth as well as & #Justice4All #DRC. On top of that, I'm proud of being a "villageois"

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