1990 : Quand la Coupe du Monde s’Organisa Dans Mon Village

Antenne_Parabolique

La coupe du monde est un avènement extraordinaire dont vous aurez la chance de suivre pas plus que 9 fois dans ce grand pays de l’Afrique Centrale. Pour une personne enthousiaste qui trouve l’intérêt de la suivre à l’âge de 12 ans, compte tenu de l’espérance de vie dans ce pays, l’intermittence de son organisation vous contraint de ne pas aller au-delà de ces fois citées-haut. En plus de cela, les préparatifs de sa tenue peuvent couter de milliards de dollars jusqu’à zéro monnaie compte tenu des spectateurs attendus. Les jeux proprement dits du mondial 1990 se sont tenus en Italie. Mais d’une manière spécifique, elle est la coupe du monde que j’ai personnellement suivi avec intérêt. Cet intérêt spécifique me porte à croire qu’elle s’est tenue dans mon village natal.

C’était juste la nuit du 21/06/2014, quand le Ghana jouait contre l’Allemagne que la tenue de ce mondial 1990 m’est revenu en tête. Dans des conditions moins similaires entre 1990 et 2014 mais proches aux libertés restreintes, l’ambiance d’enthousiasme de 1990 s’est répétée en moi. Le match qui opposait le Ghana contre l’Allemagne rappela celui qui opposa l’Angleterre contre le Cameroun en quart de final, le 01/07/1990. Ce fut une soirée émouvante dans mon village, devant un poste radio, quand je suivais la France internationale rapporta en direct ce match Cameroun-Angleterre. 25 ans à peu près, alors que mes libertés étaient en quelque sorte en restriction, j’ai pu suivre le match Ghana-Allemagne sur un écran de télévision. Et vous vous demanderez quoi donc de nouveau ?

Vue de mon village en direction de Gashasha. C’est ici que se trouve le terrain de football

Les préparatifs de la tenue de ce mondial 1990 étaient dirigés par un oncle et un voisin ; grands fans du football. Les couts étaient moins exorbitants car nécessitant seulement l’existence d’un poste radio émetteur avec quelques piles. Comme l’oncle avait ce poste radio, il ne fallait qu’aller au marché le lundi/mardi pour se procurer ces piles de la radio. Le prix de ces piles m’échappe, mais aussi combien on avait besoin pour suivre les 32 jours et autant des matchs passés. L’idée qui a retenu ma mémoire dans ces compétitions est les efforts de l’équipe Camerounaise, mais particulièrement celui de Roger Milla en 1990. A ma surprise, l’Angleterre est battue un deuxième but qui laisse croire que le Cameroun pourra aller dans les demi-finales. J’éclate de joie au point de sortir en dehors et j’acclame fortement ; une alerte d’incident supposé atteint tout le village au point que ses résidents viendront s’enquérir de ce qui s’est passé.

A ma grande surprise, une séance de prières organisée par des mamans, dont la mienne, dans une cellule appelée « Amaombi » est interrompue à cause de mes cris. La raison de ces interruptions est simple. Mes parents et presque tous les voisins dans le village ne s’intéressaient ou ne savaient même presque rien de cet avènement mondial. Carrément compréhensible, vit la distance qui sépare mon village et l’Italie. D’une manière spécifique, les moyens utilisés pour suivre cette compétition étaient moins attractifs pour un grand nombre de personnes. Si ma mémoire ne m’abuse pas, j’allais atteindre l’âge majeure et candidat aux examens d’Etat secondaire pour l’année suivante. Donc, vu l’intérêt et l’unique choix de suivre le mondial, je pouvais difficilement suivre une émission en langue française à la radio. Suivre une radio dans une langue étrangère était un atout qui n’était pas à la portée de tous. Donc, il fallait suivre ce match sur un écran de télévision ; une chose qui reste impossible jusqu’aujourd’hui.

Un supporteur et grand fan de Roger Milla, du Cameroun ou d’Afrique ? Il me reste difficile de mieux déterminer les motivations d’acclamer une victoire avant la fin du match. Malheureusement, ce match tournera finalement en faveur de l’Angleterre à la suite des penalties accordées à tort ou à raison aux Anglais. C’était une soirée qui se changea en douleurs dans mon village au regard de tous les préparatifs et ces cris qui auraient fait alerter tout le village. Il semblerait que l’ambiance en moi ne m’a pas rappelé de m’excuser aux personnes qui se sont senties choquées par mes cris. Ce serait une occasion peut-être de présenter mes excuses à ceux-là qui ont été, d’une manière ou d’une autre, dérangés bien que leur accès à l’internet et à cet article est pratiquement limité.

Durant une période d’un quart de siècle, les préparatifs du mondial 2014 a toujours la même forme et les mêmes couts dans mon village. Ces dernières années, le climat socio-sécuritaire s’est enfoncé au point que plusieurs personnes se sentent probablement désespérées. Une information qui donne de l’espoir est que certains coins de montagnes du Haut-Plateau d’Itombwe il est possible de capter un réseau de téléphonie mobile. L’absence du courant électrique reste et restera pour longtemps un casse-tête pour l’utilisation même de ces appareils mobiles téléphoniques. Imaginez aujourd’hui, avec toute l’ambiance que ce mondial 2014 peut procurer qu’il y a des lieux dans ce monde où cette compétition est suivi sur un poste radio. Je ne saurai pas vraiment exprimer mon indignation et le désespoir de voir cette situation évoluer positivement. Toutefois, ne pensez plus aux armes mais plutôt à la gestion saine de la richesse nationale pour résoudre ces types des problèmes.

Si vous êtes un fan comme moi d’un club sportif, représentez-vous André Ayew égalisant contre l’Allemagne. Un but qui soulage et le caractère courageux de ce joueur d’appeler ses coéquipiers de poursuivre ce combat d’intimité. Dans un match que l’ensemble des pronostics prédisaient aux mois 2 buts à zéro en faveur de l’Allemagne. Dans moins d’une dizaine des minutes, Asamoah Gyan, le très talentueux secouant le filet allemand. C’était vraiment amusant de ma part que j’ai eu difficile de me contenir et j’ai risqué de sauter sur mon superposé. Cette-fois-là, je crois n’avoir pas causé du tort à qui que ce soit. Cette ambiance Ghana-Allemagne qui n’est qu’une goutte dans l’océan ; pour la majorité des habitants en milieu ruraux RD congolais, elle reste difficile à vivre.

Vous êtes un supporteur de votre équipe nationale ou pour des raisons de proximité, croyances, « calculs footballistiques », sympathie individuelle ou alliance traditionnelle… vous êtes dévouement un supporteur d’une quelconque équipe. Toutefois, vous serez d’accord avec moi que ces talents que vous vivez n’ont pas des limites territoriales, religieuses ou couleur de peau. Quand Robben, Van Persie, Lukaku, Messi, Bale, Muller, Ronaldo, Abramovitch… vous amusent, considèrent que ces talents se trouveraient confiner/enterrer dans mon village car n’ayant pas trouvé l’opportunité de s’épanouir. Mon village représente symboliquement l’ensemble de ces milieux abandonnés alors que mon expérience me rassure qu’ils étaient nombreux. Voilà comment cet environnement inopportun vous a privé ces talentueux footballeurs comme Dunia, Gogo, Cubwa, Serugaza… et pourquoi pas moi.

Vu par derriere mon village en direction de Bikuba

La liste serait longue et sans importance car vous ne le verrez jamais faute du temps qu’ils ne peuvent plus récupérer. Vous me croirez difficilement car ces talentueux n’ont pas apparu sur ces grands écrans jouant le mondial d’Italie, Etats-Unis, France, Japon-Corée, Allemagne, Afrique du Sud, Brésil. Conséquemment, il est impératif que ces conditions de suivre ces compétitions doivent changer dans ces milieux reculés comme mon village car inspirant un grand nombre des jeunes gens. Mais aussi, il faudra créer un environnement propice pour faire évoluer ces jeunes gens talentueux. Cet appel s’adresserait uniquement et spécifiquement aux décideurs et dirigeants politiques qui ont cette responsabilité de mettre en place les infrastructures visant à promouvoir ces talents qui peuvent, d’une manière ou d’une autre, contribuer à la stabilité de certaines contrées de ce monde.

Ntanyoma R. Delphin

Compte Twitter @delphino12

Email: rkmbz1973@gmail.com

Blog: www.easterncongotribune.com

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PhD & Visiting researcher @POLISatLeeds. Interest: Microeconomic Analysis of Violent Conflict, Genocide Studies and violence targeting minority groups. Congolese, blogger advocating for Equitable Redistribution of Ressources & national wealth as well as & #Justice4All #DRC. On top of that, I'm proud of being a "villageois"

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