Comme « Satan est Impardonnable » ! ‘Guerre’ de Minembwe dans les Mediaş Sociaux

Des milliers d’internautes (chaines Youtube, pages Facebook, Twitter…), qui souvent partent des informations tronquées et taillées sur mesure, ont fait la haine et l’appel à l’extermination leurs chevilles de bataille. Pour souligner cette nécessite de se protéger par extermination, ils évoquent souvent ces mesures préventives devant un plan d’extermination du peuple Congolais par ces ‘envahisseurs’. Il s’agit d’un combat, comme Maitre Djino― Zoro Bille l’appellent, au modèle de Lucifer contre Dieu ou vice versa. D’une manière spécifique, Satan est devenu impardonnable devant son Dieu et ait condamné à être écrasé. Au nom de la nation, Lucifer est impardonnable jusqu’à la fin du Monde. De Kinshasa, …Washington Arizona, et Bruxelles, tels sont les propos par lesquels on veut convaincre l’opinion sur les affrontements de Minembwe. Extrêmement inquiétant pour quelqu’un qui comprend la place de médias Sociaux dans un contexte qui n’a jamais connu les médias traditionnels.

Ces dernières années et au rythme de débat de la rue de Kinshasa, le combat pour prouver qui sont les auteurs des crises incessantes qu’a connu le Zaïre est largement tronqué. Les seuls coupables dans ce monde sont ces éleveurs du Haut Plateau de Minembwe, le Banyamulenge comme groupe qui s’étend du Sud au Nord-Kivu. Ils sont responsables ou pas de tous les maux que connait le Congo ? Sont-ils coupables quand la pluie ne tombe pas au Kongo Central ? Un juge indépendant et objectif serait mieux placé pour vous convaincre. J’aurais dû attendre cet analyste indépendant mais de fois, les précautions personnelles amènent certains à faire un choix taiseux. Mon rôle est d’indiquer encore une fois qu’il y a un danger d’abandonner la société dans les mains d’utilisateurs de médias Sociaux. Il est question d’interroger leur déontologie de travail. Ensuite, je voudrai rappelle que ces débats ont plus de rapport avec la retransmission de la littérature coloniale ; si pas de jugements hâtifs de nos amis écrivains des années 1900.

Il serait moins objectif de penser que Maitre Nicolas Mayengele[1] est responsable de tous ces manquements dont on retrouve dans les documents écrits. Nicolas fait un choix de sélectionner ces grands auteurs qui lui engagent ce débat dans l’angle de son choix ou est-il limité par rapport à l’accès aux ouvrages. Il me semble toutefois que Mayengele a des limites personnelles par rapport à la région dont il discute. Il confond facilement Gishali situé dans le Masisi (Nord-Kivu) avec Minembwe qui est dans le Territoire de Fizi (Sud-Kivu). De ce fait, il est fort probable qu’il s’agit d’un dossier dont lui-même maitrise moins.

De surcroit, en parlant de ces mamans enterrées vivantes à Mwenga, Mayengele a difficile à situer cette zone de Mwenga sur la carte du Congo. Il croit et fait croire que Mwenga est dans le Fizi. Pour prouver la sauvagerie de cette communauté amalgamée dans son ensemble, il fait abstraction des atrocités postindépendance du Congo-Belge dont le grand répertoire se lit dans Olivier Lanotte[2]. Sans faire l’apologie de ces crimes inhumaines de ma part ni défendre qui que ce soit, Lanotte (2010 :7) précise que « Les exécutions sont le plus souvent confiées à des femmes ou des jeunes filles lesquelles assomment les condamnés à coups de bâton avant de les enterrer, parfois vivants ». Inhumainement, la rébellion Muleliste de 1964 enterait vivants les personnes Congolaises. Pour ce qui comprennent scientifiquement ces atrocités les conçoivent différemment―profondément par rapport a la lecture partiale de Mayengele.  

D’ici récemment et avant les événements de Mwenga dont parle Mayengele, des centaines de parents ont été tués à Baraka ; et bizarrement, leurs enfants estimés autour de 150 sont jusqu’à présent portés disparus. Tués et enterrés en 1996, les corps de ces parents ont été déterrés vers les années 2000 sur ordre des personnalités politiques bien connues. L’objectif est d’effacer toute trace et responsabilité d’une communauté dont on croit partager cette responsabilité du crime pour de raison non avouées. Une analyste objective ne devrait pas outrepasser toute cette complexité (de 1960 à nos jours) qui se conçoit ou conçu au nom de protéger la patrie. Encore une fois, je doute que Mayengele ait eu la chance de lire cette page sombre de notre Histoire. Toutefois, Mayengele est moins redevable de ses propos que Mahano, Hiernaux, Kabuya Lumuna ou Moeller qui ont orienté leurs écrits dans un sens divisif. Je trouve plutôt que Mayengele veut se créer une audience sur les réseaux sociaux en passant par des débats, une fois engagés, qui tendent à prouver un patriotisme.

Tout part de la littérature coloniale qui nécessite d’être revue continuellement. En quelque sorte, on peut estimer que certains de leurs écrits sont partis de jugements hâtifs. Ces jugements hâtifs de ces colons, ayant de penchants politiques, auraient fait de milliers de dégâts au sein de la communauté Bashi n’eut été les efforts de Bishikwabo Chubako, Newbury et autres. Jean Hiernaux dans les Caractères Physiques de Bashi avait simplement assimilé la communauté Bashi aux Tutsi-Hutu du Rwanda. Les efforts de ces auteurs ont pu réinventer (en partie) la notion du mythe dit Kangere ; probablement semblable au mythe Hamitique[3]. De toutes évidences, pour prouver l’appartenance lointaine aux terres congolaises, la grande partie d’intervenants (politiques, Médias sociaux ou même académiques) passons par trouver qui seraient assimilés plus au ‘Rwandais’ que « nous ». Je trouve aussi Bishikwabo[4] et autres que je ne veux pas citer ici car la liste est longue faire ce jeu qui nous donner d’espace au sein de la politique Congolaise au niveau national. On cherche à démontrer qui sont ces ‘Rwandais’ de l’Est pour enfin mieux s’intégrer au sein de la grande famille de l’Ouest.  

En plus de trouver cet espace au sein de la politique Congolaise, pour tourner les cameras loin de ses inepties, on doit parler de ces envahisseurs qui vont balkaniser le grand Congo. C’est dans ce sens que ce débat de la ‘guerre’ de Minembwe, dans les mains du Maitre Brazzavillois Honoré Ngbanda Nzambo ko Atumba, trouve d’espace. Il doit aussi trouver un autre coupable de tous les maux que connait le Congo depuis son indépendance y compris les 32 années de Mobutu. C’est dans ce sens, à mon humble avis que Kabuya Lumuna Sando dans « Conflits de l’Est du Zaïre : repères et enjeux » se serait intéressé dans le débat. Dans ses conceptions, Ngbanda veut toujours détourner ces voix qui pointeraient le doigt son régime avec Mobutu pour trouver d’autres malfaiteurs―coupables. Bien sûr que la suite d’après Mobutu n’a pas apporté de solutions que le peuple attendait. Toutefois, cela n’enlève en rien la responsabilité de Ngbanda dans toutes ces crises que nous avons connues. Si non, je doute vraiment que Honoré, ce ‘combattant’ Mobutiste, maitrise bien ce qui se passe à Minembwe. Sauf faire impression de jouer au nationalisme, Ngbanda ne sait même pas situer Minembwe sur la carte du Congo. Son intérêt d’affirmer que Minembwe est en train d’être annexé par Kagame, est du bluff. Au lieu d’accuser seulement les ‘envahisseurs’, il aurait mieux fait de demander aux Maimai qui savent ce secret et reçoivent de l’appui de son ami de Kigali.  

Ce phénomène des Mediaş Sociaux qui se lancent dans de débats dangereux pour la société deviennent de plus en plus nombreux. Des milliers de postes et articles allant dans ce sens sont incroyablement innombrables sur les réseaux sociaux. De fois, on y lance de messages dangereux qui peuvent conduire à des atrocités énormes. Dans le respect de libertés d’expression de recherches devraient se mener pour comprendre l’avenir de la société Congolaise face aux montées technologiques ; avec un accent sur le conflit et Mediaş Sociaux. Il est urgent que les modes de fonctionnement de Mediaş Sociaux qui propagent la haine fassent l’objet d’attention particulière par les législations locales (nationales). Certains de ces Mediaş se cherchent un espace de modèles de médias traditionnels ; dans ce cas, je propose qu’ils donnent de l’espace à toutes les idées sans penchant exaspéré. Souvent, il me semble ces « journalistes » ont tendance à indiquer la voix à suivre par leurs invités. Ils doivent plutôt apprendre les bonnes manières et pratiques qui caractérisent les médias.   

NTANYOMA R. Delphin

PhD Researcher in Conflict Economics

The Institute of Social Studies/

Erasmus University Rotterdam

Twitter: https://twitter.com/Delphino12

Blog: www.easterncongotribune.com

[1] Je lui ai suggérée qu’on ait un débat contradictoire sur dostatv.com. J’espère qu’il en organisera pour ouvrir ce débat a d’autres versions de faits.

[2] Lanotte, Olivier (2010), « Chronologie de la République Démocratique du Congo/Zaïre (1960-1997) », Février 2010, Online Encyclopedia of Mass Violence. Retrouvable sur le lien: http://www.massviolence.org/Article?id_article=486

[3] Yogolelo Tambwe Ya Kasimba (1990 :355) ‘Essai d’Interprétation du Cliché de Kangere (Dans la Région des Grands Lacs Africains)’, The Journal of African History 31(03), pp. 353 -372

[4] Pour comprendre les positions de Bishikwabo en rapport avec ceux qui sont plus assimilés au Rwanda, il est important de lire le rapport du groupe de réflexion EL TALLER  (1992) «Journée de réflexion sur la problématique de la cohabitation interethnique : Cas de populations des hauts plateaux du Sud-kivu »

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PhD & Visiting researcher @POLISatLeeds. Interest: Microeconomic Analysis of Violent Conflict, Genocide Studies and violence targeting minority groups. Congolese, blogger advocating for Equitable Redistribution of Ressources & national wealth as well as & #Justice4All #DRC. On top of that, I'm proud of being a "villageois"

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