Introduction
La guerre qui sévit dans les territoires de Fizi, Uvira et Mwenga embarrasse sur le plan de l’épineuse question de la position, mieux de la réaction des animateurs des institutions tant nationales que provinciales. Certains animateurs ont été taxés de complices à cause de leur mutisme ou inaction ; alors que d’autres s’engagent dans une forme de belligérance.
Monsieur BULAKALI Homer, cadre de l’Union pour la Nation Congolaise (UNC) et député provincial du Sud- Kivu (élu de la circonscription de la ville Bukavu), a brisé le silence. Il aurait pris position lors d’un grand rassemblement populaire qu’il a organisé, dans le cadre des activités de la redynamisation de son parti, à BARAKA dans le territoire de FIZI, le 30 novembre 2019.
A l’occasion de ce meeting, du reste interdit aux journalistes ce qui est inacceptable, l’honorable BULAKALI Homer aurait, selon un audio partagé par un participant, appelé les membres de communautés Babembe, Bafuliro, Banyindu à se lever comme un seul ‘groupe’ pour chasser les « envahisseurs », Banyamulenge.
Cette audio de la personne qui partageait son inquiétude―émotion par rapport au discours tenu par Homer Bulakali prouve à suffisance combien dangereux est les propos de ce député. Comme les médias sociaux donnent de facilites en termes d’échange d’information dont de fois il faut vérifier sa véracité, cette audio sert d’analyse de cet article car ayant été complétée par la déclaration de la société civile de Baraka condamnant ce discours. Ladite déclaration ne donne pas de détails sur le contenu ; donc, il est important de comprendre pourquoi les organisations de la société civile de Baraka ont été inquiètes.
Il est difficile de déterminer la personne qui a envoyé l’audio mais parait-il qu’elle était destinée aux amis. Tout est clair pour celui comprend la langue Kibembe. Il est justement rapporté ceci : « Bonsoir, bonsoir je voulais vous dire qu’un député du parti UNC, c’est-à-dire le parti au pouvoir, venant de BUKAVU (ici on fait allusion à Homer BULAKALI), uhhhh il était venu organiser un meeting pour dire aux gens que vous les Babembe ; n’ayez pas peur c’est le moment, le temps d’avoir peur a pris fin. Vous savez pourquoi ? On a fait une réunion [Bukavu ?], nous nous sommes informés auprès des Babembe, Banyindu, Bafulliru et Banyamulenge, et la problématique était de savoir les causes de la guerre qui sévit à MINEMBWE.
L’audio continue « Dans cette réunion tenue soit à Bukavu un « rwandais » dit Munyamulenge nous a dit que cette guerre leur avait été imposée avec un agenda caché. La personne précisant qu’il y a de personnes qui veulent gagner leurs intérêts personnels aurait dit le monsieur Munyamulenge. Tout en demandant pardon qu’ils ne sont pas impliqués dans cette de guerre, ainsi ; cette personne Munyamulenge (selon Homer) a imploré les autres communautés de faire face à cette guerre. Partant de la signification de Ngumino [Gumino], BURAKALI a en plus dans son discours insinué que le but de ce groupe est de s’approprier de ce coin du pays. Comme la signification serait de « rester ici », Bulakali s’est posé la question de savoir comment est –ce que le propriétaire d’un espace peut encore se battre alors qu’il en est le propriétaire. Le député a fini en faisant appel à tous les habitants de Baraka de chasser tous ces étrangers rwandais, sous prétextes qu’ils ne sont pas des congolais et par conséquent, il faut les tuer et manger leurs vaches. BULAKALI aurait condamné la communauté de BARAKA d’avoir été naïve et/ou inapte parce qu’ils vivent encore avec les rwandais qui s’appellent le Banyamulenge. Le notable renchérit en disant qu’il condamne avec sa dernière énergie un Mubembe qui hésite encore à travailler et de s’occuper de ces étrangers. Il a fini par donner un ultimatum en disant qu’à partir du 02/12/2019 tout congolais de souche doit se lever et faire traverser et/ou effacer les banyamulenge sur la terre congolaise ».
Ces propos incendiaires non autrement qualifiés de haine tribale ne méritent pas être tenus par un élu du peuple. Les lois du pays et déontologie du parlementaire obligent.
Portée par certains acteurs politiques du Sud-Kivu peut-être en mal de positionnement, l’intention de nuire à la communauté Banyamulenge ne date pas d’aujourd’hui et énerve la Constitution en vigueur et certaines lois nationales.
L’honorable BULAKALI n’aurait pas voulu que les journalistes participer dans son meeting dans le but de faire disparaitre les traces de ses mots. Malheureusement pour lui et heureusement pour les artisans de la paix, son comportement a été divulgué et condamné par quelques personnes nationalistes notamment la société civile de Baraka et l’évêque AMIRADO que nous félicitons pour leurs bravoures.
2. De l’animus necandi & Diversion d’Homer dans les Médias
Le discours de l’honorable Homer BULAKALI ci-haut paraphrasé, n’est pas différent de celui de l’ancien Gouverneur du Sud-Kivu LWABANJI BOSHI en 1996, qui a été un élément déclencheur des plusieurs dégâts et tueries qu’ont connu le Banyamulenge en 1996. S’il est vrai que le fameux député provincial Homer avait une mission de redynamiser ou installer sont parti politique UNC dans la ville de Baraka, il n’allait pas s’en prendre aux paisibles citoyens Banyamulenge et/ou Babembe qui vivent ensemble dans la ville de BARAKA.
Par une diversion, l’honorable Homer BULAKALI fait circuler une information dans le journal libregrandlac.com (A LIRE ICI) disant que, depuis 2012 il est engagé dans la lutte pour la mise en place d’un tribunal international pour le Congo pour juger les auteurs des différents massacres commis sur le sol de la province du Sud-Kivu depuis 1996 jusqu’aujourd’hui. C’est dans cette optique qu’il fait une tournée dans la province pour rencontrer les victimes de ces affres. Le fameux député dans le même journal il accepte qu’il ait fait aussi une tournée dans le territoire de FIZI toujours avec le même objectif de rencontre les victimes et qu’il considère les réactions faites par plusieurs personnes sur son discours à BARAKA comme une démarche d’étouffer son initiative de la création du Tribunal Pénal International pour le Congo. Homer Bulakali renchérit en disant que son discours était un discours d’unité et qu’il a appelé les gens à ses taire et attendre la justice soit faite et qu’il n’aime pas le tribalisme au Congo il y a une seule communauté (congolaise). Homer s’est dit surpris quand il parle des étrangers qu’il y a certains congolais qui se soulèvent et sentent concernés. Il finit en disant, qu’il compte à son actif un nombre important des procurations des victimes demandant cette juridiction.
En analysant politiquement les paroles de l’honorable BULAKALI l’animus necandi son discours de cacher pas l’intention de tuer. Contrairement à la coutume des autres politiciens qui paient des sommes colossales aux journalistes pour médiatiser leurs actions sur terrain lui les auraient chassés pour faire passer inaperçu son discours incendier. Ceci prouve en suffisance que ledit motif de son voyage serait un prétexte.
Plusieurs sources concordantes affirment que l’honorable Homer passait en revue de ces massacres en incriminant la communauté Banyamulenge qui sont, selon lui, à la base de toutes ces tueries ; et tout ceci dans le but d’attiser la haine et diviser les paisibles citoyens de ce coin du pays.
Qu’à cela ne tienne, il serait mieux que l’honorable BULAKALI publier le discours qu’il a tenu à BARAKA le 30/11/2019, pour que le public sache très bien de quoi il a parlé. En plus de cela, la démarche de la création d’un tribunal pénal international ne nécessite pas les procurations des victimes et faires des tournées dans des territoires dans une province. La création de ce dernier émane de la volonté du Conseil de Sécurité des Nations Unies par une résolution. En aucune manière, sa démarche ne doit pas être tolérée car partant de bases discriminatoires et amalgamant toute une communauté. En plus, il oublie que dans la région des milliers de Banyamulenge ont été massacrés à Ngandja, Lubonja, Fizi, Baraka, Lweba, Mboko et dont de milliers d’enfants ont été pris en otage depuis a peu-près 23 ans.
3. Analyse juridique du discours de BULAKALI Homer
- La constitution du 18 Février 2006
article 13 prohibe la discrimination « Aucun congolais ne peut, en matière d’éducation et accès aux fonctions publiques ni en aucune autre matière, faire l’objet d’une discrimination, qu’elle résulte de la loi ou d’un acte de l’exécutif, en raison de sa religion, de son origine familiale, de sa condition sociale, de sa résidence, de ses opinions ou des convictions politiques, de son appartenance à une race, à une ethnie, à une tribu à une minorité culturelle ou linguistique » Homer BULAKALI n’a pas parlé de Babuyu, Basoba, Basandje , Banyindu et Bashi ….mais il a opposé une seule communauté (Banyamulenge) au reste des habitants de la ville de BARAKA en les discriminants comme des étrangers et donc ils doivent être tués et effacés sur le sol congolais. Que cela ne tienne, il oublie que le Congo est parmi les pays hospitaliers de l’Afrique dont il pourrait aussi, selon certaines indiscrétions, avoir bénéficié dans le temps.
- Loi N° 04/002 du 15 Mars 2004 Portant organisation et fonctionnement des partis politiques
L’article 5 de cette loi autorise la création des partis politiques, conformément au principe du pluralisme politique prôné par la constitution de la RDC, enfin de conquérir et d’exercer le pouvoir de manière démocratique. Toutefois, la création, organisation et fonctionnement de ces partis politiques veillent à ne jamais recourir à la violence ni à la contrainte comme moyen d’expression, d’action politique et d’accès au pouvoir. L’article 6 de la même loi dispose que « sous peine de dissolution, toute activité à caractère militaire, paramilitaire ou assimilée, sous quelque forme que ce soit, est strictement interdite aux partis politiques ».
Homer BULAKALI dans le cadre de service de son parti, il aurait fait appel aux violences parce le fait de faire appel à l’extirpation de Banyamulenge dans la ville de Baraka, ça ne se fait que par des armes létales et non létales. Nous nous imaginons que sa hiérarchie fera une réaction quant à ce, de peur que leur parti UNC ne soit pas entacher par des actes ignobles qui vont en l’encontre des principes directeurs d’un Etat de droit.
- L’ordonnance- loi n° 66-342 portant Répression du racisme et du tribalisme
L’article premier de cette ordonnance loi dispose que « Quiconque, soit par paroles, gestes, écrits, images ou emblèmes, soit par tout autre moyen, aura manifesté de l’aversion ou de la haine raciale, ethnique, tribale ou régionale, ou aura commis un acte de nature à provoquer cette aversion ou cette haine, sera puni d’une servitude pénale d’un mois à deux ans et d’une amende de cinq cents à cent mille francs, ou d’une de ces peines seulement . Si l’infraction a été commise par un dépositaire de l’autorité publique dans l’exercice de ses fonctions, la servitude pénale sera de six mois au moins et l’amende de cinq mille francs au moins. Si l’infraction a causé une désorganisation des pouvoirs publics, des troubles graves, un mouvement sécessionniste ou une rébellion, le coupable sera puni de la servitude pénale à perpétuité ».
Il est fort probable que les services de l’ordre à Baraka dans la nuit de samedi après meeting, auraient arrêté quelques dizaines des jeunes qui se préparaient déjà pour mettre en action le plan du fameux député provincial. Sous réserve de la qualification des instances habilitées, j’ose qualifier les faits reprochés à l’honorable Homer BULAKALI en confirmant que ce dernier est un dépositaire de l’autorité publique et que son action de proférer de langage raciste et haineux a semé des troubles graves (les fait qu’il ya déjà une psychose dans la ville de Baraka) et a causé aussi une désorganisation des pouvoirs publics, des troubles graves, un mouvement sécessionniste ou une rébellion (des jeunes avec les armes ont été arrêtés), par conséquent, l’honorable Homer risque la servitude pénale à perpétuité.
Conclusion
Le territoire de FIZI où l’honorable Homer a tenu son meeting, traverse une période critique des plusieurs décennies avec une paix précaire. Les artisans de paix ne cessent jamais de se poser la question de savoir qui serait le tireur de ficelles. N’est-ce pas que celui-ci serait l’un d’eux ? Nous comptons sur les instances judiciaires et autres services y afférents vont ses servir de cette piste pour en découvrir d’autres, et le mettre hors d’état de nuire.
Pour ce faire, nous félicitons les différents compatriotes qui ont pris le courage de dénoncer et condamner ce comportement inadéquat de l’honorable Homer BULAKALI. Nous osons croire que l’Assemblée Provinciale va prendre des mesures appropriées face à cette situation qui entache l’honneur de l’assemblé. Le Leadership de l’UNC ne manquera pas à recadrer leur camarade, de peur que leur parti politique ne soit pas sali. Sûrement les instances judiciaires feront leurs travails en vue de lutter contre l’impunité.
Fait à Kinshasa le 07/12/2019
Par : MUYOBOKE Mudumiza Cédric
Analyste politique
Tel : +243 816 652 994
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