Dernier massacre en date du 24 août 2020 à Katobwe moyen plateau à quelques dizaines de kilomètres de Runingu ; route Uvira-Bukavu. Six jeunes Banyamulenge en route pour les hauts plateaux saluer leurs parents après 5 mois de confinement sont repérés, chassés pendant 2 jours et tués comme un gibier à la merci des prédateurs.
Le colonel Bigaya de FARDC les accuse d’aller porter secours à Gumino ou à Twirwaneho mais rien n’indique sur eux et dans leurs bagages qu’il s’agit des combattants. Aucune arme trouvée sur eux. Aucun signe indicateur de quelque façon que ce soit. Mais simplement parce qu’ils ils sont des Banyamulenge et jeunes. La plupart sont de moins de 18 ans. Mais ils sont des Banyamulenge et méritent ipsofacto de mourir puisque le gouvernement congolais ou ses représentants sur place en ont décidé ainsi.
Des blessés parmi eux, captifs, sont achevés à l’arme blanche après des heures de torture par des jeunes civils Bafuliru sous la supervision du colonel criminel. Qui promet à leurs mères au cri de ” laissez vivre nos enfants et tuez-nous à leur place, imaginez-vous la douleur de votre maman si on vous tuait à la machette sous ses yeux”.
Le colonel baisse les yeux et lâche, ” j’aimerais tous vous voir emballés dans des cercueils peuple de vipère”. Et de s’enfoutrer carrément de la douleur des femmes pleurant leurs fils. Mais la tradition africaine veut que ce genre des pleurs soit la source de la malédiction. Les femmes sont porteuses de la vie en leur sein. Elles sont par conséquent le porte-bonheur et porte-malheur.
Pour rappel, ce genre des crimes insensés avaient précédé la grande guerre congolaise de 1996, et son prolongement de 1998. Une guerre dite africaine puisqu’elle a vu la participation de plus de 6 états rangés les uns contre les autres. Conséquence, on parle de 6 millions des morts de congolais en espace de 6 ans. De 1998 à 2004 avec l’avènement de Sun City qui a vu mettre un terme à la guerre.
Les assassinats et harcèlement des Banyamulenge ont atteint un point culminant. Et pour des raisons inavouées. Les jeunes Bfuliru, Babembe et Banyindu contre lesquels nous nous battons circulent librement. Ils viennent du Malawi, du Mozambique, d’Afrique du sud etc. saluer leurs parents ou en appui aux Maimai. Les Forces armées de la République Démocratique du Congo (FARDC) ne les ont jamais inquiétés. Les Maimai tuent impunément le Banyamulenge depuis 2017 jusqu’à ce jour. Mais lorsque les Twirwaneho descendent à Kipupu récupérer leurs biens pillés, le prix Nobel de la paix le Dr Mukwege crie au massacre à répétition des Congolais par des Tutsi Banyamulenge.
Quand les victimes s’interrogent sur une telle partialité, la terre entière se lève pour défendre le fils unique en son genre. La société civile crie au scandale, les mouvements citoyens mettent en garde, les églises protestante (CEPAC) et catholique (évêque d’Uvira), pointent du doigt à ceux qui osent salir la sainteté. Les ministres, les députés provinciaux et nationaux se disent interloqués ainsi de suite.
Un homme, une femme peut être injuste. Recadré(e) par le reste. Mais quand une institution, lorsque une armée nationale, la police, les services de renseignement ainsi que le sommet de l’état peuvent tous unanimement fermer les yeux à la destruction massive et radicale d’une communauté cela s’appelle un génocide.
Cependant les Banyamulenges optent pour la vie. Ils choisissent de vivre et refusent la fatalité.
De quelle manière donc ? Du fait du rejet par le pouvoir et l’état congolais, ils demandent au Président de la République Démocratique du Congo, son Excellence Antoine Tshisekedi Tshilombo de les remettre sous la protection de l’organisation des Nations Unies. Qui doit leur trouver un pays d’accueil pour qu’ils vivent et échappent à un génocide savamment conçu. Au cours duquel ils sont tués un à un par les agents de l’état, l’armée nationale en silence et méthodiquement.
Où a-t-on déjà vu les élus du peuple, les pasteurs, les évêques, le prix Nobel, les généraux, le conseil des ministres, le candidat président tous comme un seul homme se lever contre une communauté minoritaire sans défense et sans le moindre contredit de leur revendication ? Personne n ‘est capable de nous opposer le contraire de ce que nous disons à propos des crimes qui nous sont quotidiennement infligés.
Monsieur le président, vous êtes comme nous une créature et un homme de foi en Dieu. Nous vous demandons de vous épargner le versement du sang d’un peuple minoritaire et apolitique qui ne vous combat en rien. Les enfants de Banyamulenge portent le nom Kassain de Tshisekedi depuis le vivant de votre père Étienne Tshisekedi. Un Président de la République est un mandaté du Dieu Vivant. Il a le pouvoir de punir et de sauver. Vous avez promis de venir à Minembwe où il aurait été possible que vous vous rendiez compte du peuple de Banyamulenge mais ça n’a pas été fait.
Le monde entier se ligue contre nous pour des fausses raisons et vous pensez comme lui que les Banyamulenge sont des ennemis de la République. Non, Excellence Monsieur le président. Ils n’ont ni la volonté ni le pouvoir (en aucune manière) de porter atteinte aux institutions de la République légalement établies. Donnez-vous une minute de réflexion et de vérification, le Saint esprit vous dira le contraire de ceux que les ennemis de la paix et de votre pouvoir vous disent sournoisement pour nuire à la bonne cohabitation des peuples du Sud-Kivu et au bon fonctionnement de votre pouvoir.
Fait à Bukavu, vendredi 28 août 2020
Jean Scohier Muhamiriza
Journaliste indépendant
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