C’est depuis 2015 que les groupes Burundais dont les Forces Républicaines du Burundi (FOREBU) qui deviendront en mi-2017 Forces Populaires du Burundi (FPB) se sont installés dans la partie nord de Rurambo en territoire d’Uvira. Par la suite viendront le Red Tabara en provenance de la partie du territoire Fizi moyen plateau, communément dans la localité de Kabembwe, pour aussi s’installer dans la partie Rurambo.[1] Pour des raisons moins connues, le Red-Tabara finiront par (presque) anéantir les FOREBU au travers les attaques militaires qui ciblant et tuant leurs commandants basés dans la région (entre février et mai 2018). Ces nouveaux groupes Burundais y trouvant les Forces Nationales de Libération (FNL/Nzabampema) qui avaient été établi pendant des années dans le territoire d’Uvira. De lors, le Red Tabara, FNL, FPB en alliance avec les groupes locaux dont le Maimai Ilunga, Kashumba et Mushombe (entre autres) sont devenus les maitres de la région en complicité avec les forces de sécurité. Ces commandants Maimai appartiennent tous à la communauté Bafuliro, originaires de Mangwa, dans les Hauts Plateaux d’Uvira.
Alors que cette alliance Maimai et le Red Tabara s’est largement investi dans les affrontements en groupement de Bijombo depuis avril 2017, et vers la partie Itombwe en territoire de Mwenga et Kamombo en territoire de Fizi, Rurambo est resté en quelque sorte stable. Cela avait été dû au fait que les communautés locales avaient décidé de cohabiter et former un groupe d’auto-défense qui opérait ensemble pour contrer toutes tentatives de déstabilisation de ces localités de Rurambo. A fortiori, le groupe Maimai Mushombe opérant dans la région depuis des années aurait été moins convaincu par cette attitude qui visait certains voisins, dont le Banyamulenge comme cibles. Cette attitude lui aurait fait perdre son influence par rapport à Ilunga Rushemeza (Foka Mike) qui est devenu de plus en plus fort dans la région et au même moment coopérant étroitement avec les groupes rebelles Burundais cités ci-haut. Ce groupe Ilunga ainsi que ses allies Red Tabara ont fini par rallier d’autres groupes pour de raisons d’antipathie contre ces « envahisseurs » dont il faut à tout prix « mettre hors d’état de nuire » : il s’agit de Banyamulenge.
Alors que plusieurs tentatives pour attaquer Rurambo se sont heurtées à l’opposition de communautés locales en quelque sorte soudées, depuis le 16.03.2021, l’ensemble de villages Banyamulenge de Rurambo, Gatombwe ont été complétement détruits en modus operandi de ce qui s’est passé en partie Bijombo, Kamombo, Minembwe, Itombwe. Depuis mi-Mars 2021, on en dénombre actuellement de vingtaine de morts, une quarantaine de villages complétement détruits, de milliers de bétails razziés mais aussi de milliers de centaines de personnes en errance, sans abri ni assistance humanitaire. L’élément qui confirme qu’il y a eu un complot contre le Banyamulenge est que la même alliance de groupes armés locaux et étrangers qui détruisit ces autres localités persiste. En alliance avec le rebelles Burundais, principalement le Red Tabara, ces attaques dans le Rurambo épargneraient certains villages mais aussi les bétails qui n’appartiennent pas à la communauté visée. Un exemple récent dans la partie moyen plateau d’Uvira indiquerait que cette alliance sait distinguer qui sont les vaches Banyamulenge et ceux de Bafuliro et lesquelles il faut razzier. On peut comprendre l’attitude Maimai ?
Toutefois, rien n’indique que dans le passé, les relations entre ces rebelles Burundais ainsi que la communauté Banyamulenge aient eu d’antécédents qui feraient que les Red Tabara, Forebu et FNL s’engagent activement dans la destruction totale de Banyamulenge. En période de conflit, toute attaque trouve une explication, même les génocides partout où ils ont été commis en ont eu plusieurs alors que les experts y lisaient de signes de confrontations entre ethnies ou de guerres civiles. Alors que les Forces de Défense du Burundi (FDB) ont traversé plus de 4 fois (accompagnés par des groupes armés locaux servant comme éclaireurs) pour combattre les rebelles Red Tabara dans les Hauts Plateaux d’Uvira, de « représailles » n’ont visé en aucun cas les villages de paisibles citoyens. Aucun de village de personnes affiliés à ces commandants MaiMai qui ont fait traverser l’armée Burundaise, à ma connaissance, n’a fait l’objet d’attaques de la part de Red Tabara/Forebu/FNL. Le fait que de groupes affiliés au Banyamulenge aient eu de contacts ou servir d’éclaireurs à l’armée Burundaise ne peut jamais expliquer cette décision d’attaques discriminatoire visant les villages de civils Banyamulenge. Cette attitude explique largement que le choix d’attaquer les villages Banyamulenge ainsi que leurs bétails a été bien conçu en dehors de calculs militaires (stratégiques) et visent un déracinement total.
RDC : Moïse Nyarugabo alerte sur un massacre "à grande échelle" dans les hauts plateaux d'Uvirahttps://t.co/Ec2y612L7m
— 7SUR7.CD (@7sur7_cd) April 24, 2021
Alors que cette attitude pour les groupes Maimai n’est pas si nouveau, les motivations de Red Tabara intriguent. Seul le choix de Kigali soutenant ces groupes Burundais peut entrer en jeu dans le cadre d’agenouiller pour la toute dernière ce Banyamulenge. Il me reste invraisemblable que ces rebelles Burundais puissent s’engager dans la destruction de villages, champs, razzias de bétails et continuer à recevoir toute forme de soutien de Kigali sans que ce dernier ait donné son accord. Partant de cette affirmation, je crois dire que Rurambo avait été sur la liste de localités à détruire depuis longtemps. Toutefois, cette alliance Maimai-Red Tabara/Kigali ne devait que commencer par détruire des « entités symboliques » comme Bijombo et Itombwe/Minembwe pour renforcer la confiance entre ces « alliés » mais aussi fragiliser les cibles. Si ce complot d’en finir avec le Banyamulenge avait réussi à anéantir complétement Minembwe comme cela a été le cas pour Kamombo, Itombwe, la suite aurait été si facile comme on peut le concevoir. Etant assiégé pendant des années, la résistance de Banyamulenge contre ce génocide en cours tient beaucoup plus sur l’axe Rurambo-Bijombo-Kamombo-Minembwe. Voilà ce qui expliquerait ce choix de détruire et contrôler Rurambo dans le souci stratégique de fragiliser la résistance au niveau de Bijombo, Kamombo et Minembwe qui en dépend beaucoup plus. La finalité n’est autre que faire réussir ce plan d’extermination dont le monde continue à observer alors que le rôle de FARDC est de plus en plus lisible.
NTANYOMA R. Delphin
PhD Researcher in Conflict Economics
The Institute of Social Studies/
Erasmus University Rotterdam
Twitter: https://twitter.com/Delphino12
Blog: www.easterncongotribune.com
[1] Rurambo se trouve en Territoire d’Uvira, chefferie dite Bafuliro, dans sa partie Haut Plateau
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