
On défait les « terroristes » à Kamombo sans être à mesure de protéger les femmes, enfants et vieillards ? En 2019, de familles entières ont été obligés de fuir Kamombo vers Muramvya (Bijombo grpupement) car les FARDC avaient choisi de protéger certaines categories. Elles sont revenues en 2020 n’ont pas les FARDC ont fourni un effort pour les rétablir dans leurs droits. Elles sont encore une fois dans la débandade. Elles sont en direction encore une fois de Muramvya (Bijombo) pour probablement finir n’importe où. Depuis hier, la situation devenait beaucoup plus incertaine au point de reprendre un autre calvaire, une troisième dans trois ans.
- Kamombo : Le Quartier Général de « Terroristes » du Sud-Kivu
En date du 12 Juillet 2021, alors que le Président Burundais Evariste Ndayishimiye (NEVA) visitait Kinshasa, les Forces Armées de la République Démocratique du Congo (FARDC) ont lancé un communiqué qualifiant pour la première fois Twirwaneho-Gumino-Makanika-Android comme de groupes (groupe) terroristes alliés aux rebelles Burundais Red Tabara, Forebu, et FNL. Alors que ce communiqué (controversé) s’interprète comme étant une manipulation politique pour plaire au Président NEVA, les FARDC vont dans la suite déployer des unités en vue d’attaquer le colonel Rukunda Michel alias Makanika. Ce dernier a, depuis Janvier 2020, déserté l’Armée Nationale FARDC pour rejoindre l’auto-defense Twirwaneho. Pour comprendre les raisons de sa désertion, prière cliquez sur ce lien: https://easterncongotribune.com/2020/01/09/colonel-michel-rukunda-makanika/
Au moins 4 bataillons sont passées par Uvira en direction des Hauts Plateaux pour rejoindre les autres unités qui étaient déjà stationné dans cette partie du pays. Le passage à Uvira de ces bataillons FARDC se fait remarquer car les militaires chantaient et criaient hauts et forts qu’ils sont à la poursuite de l’ennemi. Leur passage laisse quand même des empreintes sur les rues de Kalimabenge quand ils se procurent presque tout. Le Général Mukalay François, le commandant du Secteur Opérationnel Sukola 2 basé à Uvira finira par rejoindre ces dans les Hauts Plateaux.
RDC-Fizi : la localité de Kamombo QG du colonel déserteur Makanika passée sous le contrôle de l'arméehttps://t.co/6ICpm5VyYB pic.twitter.com/llCzzD4Z5P
— ACTUALITE.CD (@actualitecd) August 16, 2021
Apres quelque jours, des attaques sont lancées contre les localités de Kamombo, considérées comme le Quartier Général (QG) de Twirwaneho/Makanika. Depuis le 12 au15 Août 2021, des attaques sont lancées à partir de plusieurs axes menant sur Kamombo. Des unités FARDC en coalition de MaiMai (selon certaines sources) se sont joints ensemble pour mener l’assaut sur ce QG. C’est vers les après-midis (vers 16heurs) du 15 Aout 2021 que des bataillons venus de l’axe Minembwe entrent en jeu en contournant d’autres fronts comme l’Ouest (Mikarati) et Nord (Kangwe). Pendant ces attaques, l’axe Mikalati avait été occupé par une unité dite FARDC mais dont on soupçonne de tout pour de raisons qui seront sommairement expliquées dans les paragraphes suivants.

Ces attaques contre ceux nommés de « terroristes » du Sud-Kivu coïncide avec la visite de la Force Spéciale Américaine en visite en RDC pour comprendre le danger autour du terrorisme en lien avec l’Etat Islamique, les Allied Democratic Forces (ADF). De questions multiples sont encore sans réponses. Alors qu’il s’agit d’une simple coïncidence, peut-on penser que le pari est gagné pour le FARDC ? C’est une défaite pour les uns ou une victoire pour les autres ? Il est encore tôt de l’affirmer car la priorité a été de contenir les conséquences plutôt de s’attaquer aux causes de cette mobilisation. Mais ces milliers de militaires et toute la force déployée n’aurait pas servi pour protéger la population civile depuis longtemps ? En passant par le groupement Bijombo où opèrent les rebelles Burundais depuis 2016-2017, pourquoi ces derniers ne constituent pas une menace pour la sécurité du pays ? cette attitude de FARDC vis-à-vis les rebelles Burundais expliquerait pourquoi de rumeurs autour de l’implication de la présence de la force spéciale Rwandaise dans ces affrontements autour de Kamombo ?
- Implication de Forces Spéciales ?
Il serait si exceptionnel que la société civile du Sud-Kivu d’Uvira ou du Sud Kivu dénonce une présence dont militaires suspectés d’appartenir à la force spéciale Rwanda Defense Force (RDF) car elle poursuit ceux dont la plupart croit être des « envahisseurs » et ennemis éternel de la République démocratique du Congo. En date du 05 Août 2021, après plusieurs mouvements des unités FARDC qui avaient déjà fait un mouvement vers les Hauts Plateaux d’Uvira/Fizi en grand nombre, il s’est passé quelque chose qui a étonné la population d’Uvira (ceux qui étaient dans les environs). Dans les avants midi de ce jeudi de la semaine antérieure, un groupe de 60-70 militaires en uniforme FARDC, équipé d’une manière aussi différente par rapport aux autres unités qui rejoignaient les hauts plateaux mais aussi avec une discipline qui ne leur avait permis de faire quelques mouvements dans la cité.
Tout droit sur la route chez Mwami, ils vont monter vers la montagne Kirungwa. De sources qui restent à vérifier font allusion à des murmures qui se disaient « comment peut-on envoyer ces militaires pour traquer l’ennemie alors qu’ils se ressemblent » ? Les apparences ne peuvent pas confirmer qu’elle est cette force. Ces militaires peuvent provenir d’autres coins comme le Nord-Kivu. Toutefois, de questions persistent autour de leur équipement mais aussi pourquoi ils se sont déployés dans un groupe si restreint alors que d’autres se déployaient en de centaines de militaires. Ils auraient aussi évité de se promener dans les rues d’Uvira, peut-être pour ne pas se faire remarquer ou soit parce que l’urgence s’imposait.
Des spéculations tous azimuts tendent à faire croire qu’il s’agirait de l’équipe de la force spéciale qui avait opéré au Nord-Kivu dans la traque de Forces Démocratiques pour la Libération du Rwanda (FDLR). Des soupçons se renforcent quand on évoque la manière dont ils ont opéré sur l’axe Mikarati mais aussi le langage « Kinyarwanda » qui a été utilisé pendant les trois jours d’affrontements sur cet axe. A moins qu’ils soient « pris les mains dans les sacs », mais ces « opérations conjointes » ont toujours été démenti par les deux armées.
- Que Signifie Kamombo : QG du Colonel Makanika ?
Kamombo est situé dans la partie du Territoire de Fizi. En quelque sorte, Kamombo est précisément entre Bijombo, Itombwe et Minembwe. L’histoire récente de la violence dans cette partie est aussi importante pour comprendre pourquoi un tel QG fait la une de médias.
Entre Mai-Juillet 2019, des attaques coordonnées ont eu lieu dans toutes les localités de Kamombo, Itombwe, mais aussi Minembwe. Alors que l’armée nationale ainsi que la MONUSCO étaient déployées dans cette région, elle n’empêchera pas que des attaques contre de civils se poursuivent pendant une longue période. Pour preuve, il y avait au moins 5 positions militaires FARDC aux alentours de Kamombo quand de plusieurs villages se faisaient incendiés par de groupes armés locaux à caractère dit ethnique. D’une manière particulière, de citoyens Banyamulenge qui y vivaient se sentaient menacées au point de fuir leurs localités vers Bijombo ou Minembwe. Au même moment, d’autres communautés ethniques y sont restées sous la protection de MaiMai et FARDC.
Comme la situation devenait de plus en plus précaire et que les FARDC devenaient de plus en plus complice dans ce plan qui visait à exterminer le Banyamulenge, Michel Rukunda décide de déserter le FARDC et rejoint Twirwaneho. Il déserte en janvier 2020 et s’installe vers Muramvya dans le groupement de Bijombo, en territoire d’Uvira. Au même moment, des populations Banyamulenge qui vivaient dans les localités autour de Bijombo y compris ceux qui avaient fui Kamombo vers août 2019 vivant spécifiquement dans les conditions difficiles. Ils ne pouvaient ni voyager vers Uvira ni vers Minembwe. Quand ces conditions devenaient de plus en plus précaires et sans aucuns mécanismes d’assistance humanitaire, vers Mai 2020 Twirwaneho/Makanika décidèrent de trouver une alternative à Kamombo. Alors qu’ils avaient en majorité été dépouillés de tout, ils ne pouvaient que survivre dans ces localités où certains avaient laissé leurs champs. Cet événement pousse d’autres communautés qui étaient sous protection de MaiMai et FARDC de fuir vers Mutambala, dans les moyens plateaux.
Comme ancien commandant de Gumino, autour de Makanika se développe une forme militarisée de l’auto-défense civile. Sa présence et son expérience contrebalancent le poids de MaiMai ainsi que les rebelles Burundais qui avaient noué une alliance. Twirwaneho résiste et semble s’interposer dans les manœuvres qui exposait leur communauté. Le debat de FARDC focalise sur la présence de Makanika plutôt que d’autres groupes armés locaux ou étrangers dans la région. En plus d’avoir supervisé l’établissement des groupes armés étrangers, le FARDC n’a jamais organisé d’opérations militaires contre ces groupes. Sans se soucier du sort de la population civile que l’armée aurait dû protégée, c’est dans ce sens que Kamombo est devenu une priorité pour le FARDC.
- Quel avenir pour ces civils abandonnés par les FARDC depuis 2019
Les derniers membres de la communauté Banyamulenge ont quitté ces localités de Kamombo vers Aout 2019. Ils ont, pour la plupart, fui vers Minembwe ou Bijombo. Poursuivis par les Maimai et rebelles Burundais, de conditions (in)sécuritaires liées aux attaques de 2019 imposaient plus la direction Bijombo que Minembwe. La raison était que Bijombo leur ouvrait une voie vers Uvira et sortir de la RDC. Aller à Minembwe signifiait que des envahisseurs tentent de rester sur le sol Congolais. L’ensemble de rapport de la MONUSCO que j’ai parcouru n’ont jamais fait référence à ces événements de Juillet-Aout 2019 quand le Banyamulenge sont chasses de Kamombo. Cependant, le retour de Twirwaneho/Makanika en Mai 2020 est largement commenté dans les rapports de la MONUSCO. On dirait que la force Onusienne considère certaines communautés méritent certains traitement et couverture de leur rapports. Ne s’agit-il pas d’une largesse proche de la complicité ?

Les conditions étaient difficiles quand les groupes vulnérables étaient obligés d’être assiégés dans quelques localités. Particulièrement, le Banyamulenge qui avaient fui à Muramvya (Bijombo) sont restés encerclées pendant au moins une période de 8-9 mois (une année et demie pour les autres). Cette situation intenable occasionnant (en partie) l’attaque sur Kamombo pour tenter de trouver quoi manger et essayer de se rétablir encore une fois. Après que Twirwaneho/Makanika ait été à mesure de « sécuriser » les localités de Kamombo, des familles y revenaient progressivement, y-compris de Banyindu. Au moins de centaines de familles étaient installées à Kamombo depuis Juillet-Aout 2020.
Ces mêmes familles sont encore une fois dans la débandade. Elles sont en direction encore une fois de Muramvya (Bijombo) pour probablement finir n’importe où. Depuis hier, la situation devenait beaucoup plus incertaine au point de reprendre un autre calvaire, une troisième dans trois ans. Des parents qui, durant cette période de précarité en groupement Bijombo, croyaient aujourd’hui être a mesure de trouver à manger à leurs enfants se sentent dans une impossibilité totale. Les nuits et les jours sont devenus encore une fois longues. Que dira-t-on ?
NTANYOMA R. Delphin
PhD Researcher in Conflict Economics
The Institute of Social Studies/
Erasmus University Rotterdam
Twitter: https://twitter.com/Delphino12
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