Felix Tshisekedi & la Crise de Minembwe: Nouvelles Promesses et/ou Nouveau Partenariat pour la Paix ?

Quelqu’un me siffle, tu sais : « si tu postes ce blog, le Président Felix Tshisekedi ne pourra plus agir comme il l’avait promis. » C’est vrai ? Et alors l’article 69 de la Constitution ?  

Une longue Histoire qui ne saurait Jamais se résumer.

C’est depuis Juin 2019 que les attaques Maimai allies aux rebelles Burundais (Red Tabara, Forebu et FNL) ont forcé la population Banyamulenge dans les Hauts Plateaux de Fizi (Minembwe et Kamombo) et Mwenga (Itombwe) de vivre assiégés. Cette période été caractérisée par des attaques régulières, coordonnées et qui se sont intensifiées jusqu’aujourd’hui. Cette crise de la partie sud du Sud-Kivu s’ajoutait à celle que connaissait déjà le groupement de Bijombo (territoire d’Uvira) depuis Avril 2017. En dehors de multiples raisons qui justifient la violence dans sa globalité, l’élément central de ce cercle de violence dans les Hauts Plateaux est la contestation de l’existence de Banyamulenge comme des Congolais comme tant d’autres.

La contestation, il s’agit d’une histoire qui trouve son origine dans la colonisation. Cette dernière a catégorisé les populations de la région de grands lacs d’Afrique en « autochtones-Bantu » et les « immigrants-Nilotiques/Tutsi ». Alors que toutes les communautés sont victimes de la violence, le Banyamulenge le sont d’une façon spécifique car attaqués par une coalition de groupes armés venant de groupes ethniques majoritaires qui se disent « premiers occupants-autochtones », et les rebelles Burundais aux côtés. Les dégâts sont innombrables au point que le niveau d’appauvrissement dans un contexte sans assistance humanitaire indiquent que les conséquences seront énormes dans l’avenir. Le rôle des Forces Armées Nationales de la RDC (FARDC) est extrêmement inimaginable. Ces dégâts innombrables arrivèrent en présence des plusieurs unités de FARDC déployées dans la région. Quand ces unités se faisaient remplacer par d’autres, la situation se détériorait plus. Tout observateur avisé aurait lu un complot venant d’en haut. Etant presque qu’à la fin de la troisième année de son mandat, le Président Felix Tshisekedi ne saurait plus nous dire qu’il avait besoin de Mahoro Peace Association comme partenaire pour rétablir la paix dans cette partie du pays.

  1. Qu’Avaient Servi les Audiences auprès du Président de la République ?

En Juin 2019, le Président Felix Tshisekedi promet des opérations militaires de grande envergure dans l’Ituri, Beni et Minembwe. Minembwe est cité spécifiquement. Tout le monde y croit. Dans la suite, il y a eu de multiples visites à Minembwe. Des officiels Congolais, ONU, organisations internationales, Monusco… personne ne saurait les lister. Malgré toutes ces visites, la situation se dégradait du jour au jour. La vulnérabilité de Banyamulenge s’affichait de plus en plus. Au même moment, le Président Felix Tshisekedi est sollicité pour qu’il intervient en qualité du Garant de la Nation mais aussi de la cohésion nationale (je crois l’avoir bien dit).

De juin 2019 à nos jours, on compte au moins une dizaine d’audiences dans lesquelles le Président Felix Tshisekedi a été supplié d’intervenir ; mais presque en vain. Sur la même question, le Président a reçu en audience l’ancien ministre de la Décentralisation, Azarias Ruberwa (au moins trois fois si ma mémoire est bonne). Une fois quand l’ancien ministre était accompagné par une forte délégation des personnes Banyamulenge vivant à Kinshasa. Lors de son dernier passage à Bukavu, le Président Felix Tshisekedi a reçu une délégation de notables Banyamulenge venus de Minembwe. Ces notables n’étaient que venus que pour cette seule mission : lui dire qu’ils méritent une protection.

Alors que j’étais personnellement un témoin qui accompagnait ceux qui voulaient voir le Président, en février 2020, Felix Tshisekedi a reçu une cinquantaine de Banyamulenge, en tête était Monseigneur Gapangwa Jérôme. Par la suite, il a reçu le Banyamulenge à Goma, lors de son périple dans l’Est du Congo. A la veille de « l’annulation » de Minembwe, n’aurait-il pas encore une fois reçu l’ancien ministre de la décentralisation ? Il s’agit de la même question qui fasse que les armes sont utilisées pour contester une commune rurale. On n’y ajoute la « Balkanisation »; mais aussi, on peut tout ajouter sur la liste de raisons qui fassent qu’on use les armes. Mes impressions me font croire qu’il aurait au moins reçu l’actuel ministre des Infrastructures pour la même question (pas moins de 2-3 fois). Des audiences auprès de l’entourage du Président, ses ministres de l’intérieur, de la défense, l’Etat-Major de FARDC…je ne saurai pas en compter. Selon des informations partagées au travers les réseaux sociaux (probablement fiables et vérifiables), il aurait récemment reçu en audience l’ancien ministre de la Décentralisation et le débat aurait porté sur la même question. Il ne restait qu’une audience et un tweet venus de New York ?

  1. Nouvelles Promesses et/ou Nouveau Partenariat ?

Alors qu’il est facile de décider sur la commune de Minembwe, il ne l’est pas pour la question de protéger les civiles. De plus en plus, ce climat de tensions visant spécifiquement le Banyamulenge s’étend de plus en plus de localités reculées dont les Hauts Plateaux vers les centres urbains comme Bukavu et Uvira. Les récents événements d’Uvira en sont une indication qui cache l’iceberg. Quand des hommes politiques appellent à la violence contre le Banyamulenge, là il ne s’agit que d’un dossier qui va se régler par lui-même. Des alliés peuvent soutenir les FARDC en appelant à l’extermination de Banyamulenge, cela ne cause aucun problème. Le Président ne connait même pas qu’il y a une présence de rebelles Burundais sur le territoire Congolais. Toutes les fois que ces multiples audiences ont eu lieu, l’interlocuteur Président semble stupéfait, étonné d’un récit qu’il n’a jamais entendu ; et des promesses qui ne sont jamais réalisées s’en suivent.

Dans la saga autour du récent discours de Bitakwira Justin, le Président Felix Tshisekedi a reçu en audience les représentants de Mahoro Peace Association, cette fois-là à New York. Il s’agit de la même question autour de la situation qui prévaut à Minembwe et dans laquelle les FARDC y jouent un rôle majeur dans l’annihilation de Banyamulenge. Le Président a promis de faire quelque chose, et dans l’immédiat. Une certaine complémentarité par rapport aux informations partagées par les réseaux sociaux sur l’audience accordée à l’ancien ministre de la Décentralisation. Il va agir, de mesures sont déjà prises. J’espère qu’il ne le pourra pas parce que mon ordinateur et mes doigts ont produit ce « bullshit » de blog. Le Chef de l’Etat a compris le problème ?

« Nous allons renforcer notre partenariat pour restaurer la paix à l’Est & dans les hauts plateaux en particulier ». Renforcer le partenariat ? En quoi le débat est-il le partenariat pour ramener la paix et non la protection et au moins demander les comptes aux officiers Généraux et colonels qui ont accompagné cette destruction ? On doit être ouvert à toute forme de dialogue. Toutefois, Felix Tshisekedi n’attendait pas MPA pour prévenir un génocide encours. Ne se sont-ils pas trompés du rôle de chacun dans ce débat? Wait and see.

NTANYOMA R. Delphin

PhD Researcher in Conflict Economics

The Institute of Social Studies/

Erasmus University Rotterdam

Twitter: https://twitter.com/Delphino12

Blog: www.easterncongotribune.com

About admin 445 Articles
PhD & Visiting researcher @POLISatLeeds, proud of being a "villageois". My interest: Peace, conflict, Genocide Studies, Minority ethnic groups, DRC, African Great Lakes region. Congolese, blogger & advocate #Justice4All in #DRC.

Be the first to comment

Leave a Reply

Your email address will not be published.


*


This site uses Akismet to reduce spam. Learn how your comment data is processed.