Après Mbabaro Ombeni, Gen Mushombe Muganguzi: La Longue Liste à Eliminer !

Colonel Gisiga (Niyukuri Nicolas)

« Quand l’Etat impartial et responsable n’existe pas, la violence élue domicile. Nos « protecteurs » sont considérés par ceux qui utilisent les « lunettes étrangères » comme de « Seigneurs de guerre » ou « criminels ». Mais, ils sont plus chers à nous, vaillants et braves au point qu’on tue facilement un parent pour venger une malédiction venue du père. »

Dans les circonstances floues et inopinées, la mort du député Mbabaro Ombeni est survenu en date du 05 Aout 2021 en Province du Sud-Kivu. Des informations concordantes estiment qu’il aurait tenté de passer, de Luvungi vers Bukavu, au poste frontalier de Kamanyola-Bugarama, et ensuite par les escarpements de Ngomo. C’est probablement entre ce parcours que sa santé s’est si vite détériorée. Il serait mort cette même nuit. Mais l’histoire est longue que ça car ces sources indiquent en plus qu’il aurait été victime d’un complot visant à l’éliminer pour cause des informations qu’il détenait autour de la résurgence des groupes armées locaux et étrangers dans le territoire d’Uvira, et plus précisément dans les Moyens et Hauts Plateaux d’Uvira, Fizi, et Itombwe. Sa particularité serait son implication dans le recrutement, l’implantation, l’approvisionnement de groupes Burundais opérant dans cette région du Sud-Kivu, notamment le Red-Tabara. De tels mystères existent dans le monde mais ce qui les savent se prononcent rarement.

  1. La Mort du Gen Mushombe Muganguzi

Dans presque différentes circonstances, le Général auto-proclamé Mushombe Muganguzi a été tué par des éléments Burundais Red-Tabara en complicité avec des éléments du « Général » MaiMai Ilunga Rusesema. Ilunga et Mushombe sont tous deux natifs du territoire d’Uvira en chefferie Bafuliro. En provenance de Kagogo, dans les moyens plateaux ou il a son troupeau de bétail, Mushombe est tombé dans une embuscade qui lui était tendue entre Majaga et Masango (précisément sur une colline appelée Gikondo). Dans l’embuscade, trois de ses escortes (garde du corps) sont tirés dessus et leurs corps sans vie retrouvés sur le lieu de l’incident. Toutefois, le corps du Gen Mushombe Muganguzi n’est pas encore retrouvé. Des sources bien informées croient qu’il aurait été pris encore vivant (blessé) et exécuté dans la suite et cela se serait passé dans le « quartier Général » de Red-Tabara à Marimba, quelques kilomètres du lieu de l’embuscade.

Gen Mushombe (à droite) et le Col Kadadari (à gauche)

De Kagogo, le Gen Mushombe se dirige vers Masango, où ce dernier avait son QG. Son déplacement vers Kagogo était bel et bien suivi par ses tueurs. Sa mort crée de remous au sein de groupes MaiMai basés dans les Hauts Plateaux d’Uvira et surtout ceux opérant directement et en collaboration avec les rebelles Burundais Red-Tabara, autour de Gisiga (Niyukuri Nicolas). Tout porte à croire qu’après la mort de Mushombe, le Gen Ilunga Rusesema se serait retranché à Maheta (localité dans les environs de Masango), craignant de représailles des autres groupes.

Du coup, une chanson lui est dédié comme le héros et le lion de Bafuliro dont la chanson implore la grâce de lui voir reposer autour de Bidalira, Marandura, Baleke, Kayamba, les héros Bafuliro… https://www.dropbox.com/s/iwpcbjruty5by8p/Mushombe%20Lion.mp3?dl=0  Une suite d’évènements est à craindre opposant des groupes locaux entre eux mais aussi les rebelles Burundais, dont le Red-Tabara. L’attaque contre Mushombe Muganguzi a été motivée par le changement de sa position vis-à-vis de groupes rebelles Burundais, justification donnée par ses tueurs. Ça signifierait que Mushombe aurait changé le cas en proposant aux autres de prendre distance avec le Red-Tabara et pour ce faire, il a fallu qu’il soit éliminé et même ses proches et membre de la famille.

  1. Stratégie d’éliminer les détenteurs du secret de Polichinelle ?

Alors qu’il est encore difficile de confirmer avec exactitude que la position du Gen Mushombe avait changé vis-à-vis de la collaboration de groupes MaiMai avec les rebelles Burundais, au sein de la coalition, l’attitude dominante de Red-Tabara (services secrets RDF) en réduisant les groupes locaux en simple exécutants devenait de plus en plus une source de frustration. Rendre en simple exécutants les locaux s’accompagnait de frustrations autour de butins, mécontentement autour de la gestion de fonds en provenance de leurs sponsors… A ces questions, il était possible d’y trouver d’issues par de mécanismes de forces mais aussi par l’implication de médiateurs internes, dont la plupart croient en la lutte « noble » de ces groupes.

Une hypothèse plausible est celle de la phase finale de la mission de Red-Tabara. Le contexte régional indique que soit les rebelles Burundais doivent passent pour une vitesse supérieure ou anéantis par leurs sponsors pour engager une autre forme de combat. De ce fait, l’hypothèse additionnelle serait que le moment est venu pour éliminer tous les détenteurs de ce secret de polichinelle entourant la collaboration de ces groupes hétéroclites. Cette alliance des groupes MaiMai et rebelles Burundais a été largement manipulée et influencée par les forces secrètes de Forces de Defence Rwandaises (Rwanda Defense Forces) avec la totale complicité des Forces Armées de la République Démocratiques du Congo (FARDC). Parmi les personnes (chefs de groupes armés) qui rejoignirent en dernier ressort cette alliance MaiMai/Red-Tabara, il s’agit du Gen Mushombe Muganguzi et particulièrement sous l’influence de l’équipe qui aurait longtemps été pilotée par Mbabaro Ombeni et cie.

L’alliance entre rebelles Burundais et groupes MaiMai a été construite sur les garanties comme quoi, « on va une fois pour toute en finir avec ces Banyamulenge ». Dans toute leur vulnérabilité, le Banyamulenge persiste, s’auto-défende et plusieurs voix se sont levées pour dénoncer ce complot qui implique les pays de la région, y compris les RDF. La question a pris une ampleur au point que Kigali (services secrets RDF) et les officiers Généraux FARDC impliqués dans ce complot macabre contre le Banyamulenge doivent tout faire pour que leur implication (in)directe (secret de différentes polichinelle) ne soit mis à nu. Trois approches (stratégies d’effacer les traces, intimider/faire pression et/ou créer le chao) sont entreprises : (1) éliminer les détenteurs du secret, même s’il faudra les opposer entre eux (ça vaudra la peine) ; (2) Engager une forte pression autour de Banyamulenge (l’élite) de ne pas oser citer l’implication de services secrets RDF/FARDC derrière complot d’extermination de ce groupe ethnique (j’y reviens bientôt) ; (3) entreprendre de manouvres (créer de conditions et financer des « actions ») qui opposeraient les uns et les autres dans ce contexte fragile.

Les trois stratégies (approches) alourdiront la liste de victimes à éliminer et de dégâts innombrables. Il est temps de se ressaisir ?

NTANYOMA R. Delphin

PhD Researcher in Conflict Economics

The Institute of Social Studies/

Erasmus University Rotterdam

Twitter: https://twitter.com/Delphino12

Blog: www.easterncongotribune.com

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PhD & Visiting researcher @POLISatLeeds. Interest: Microeconomic Analysis of Violent Conflict, Genocide Studies and violence targeting minority groups. Congolese, blogger advocating for Equitable Redistribution of Ressources & national wealth as well as & #Justice4All #DRC. On top of that, I'm proud of being a "villageois"

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