Twirwaneho serait-il le Commanditaire de l’Attaque qui a Tué un Soldat Pakistanais à Minembwe ? Par Ntanyoma

Monusco à Minembwe (Photo prise par Delphino12, 02.04.2019)

Le 30.09.2022 vers 22.30, un militaire du contingent Pakistanais de la Monusco basé a Minembwe a été tué durant une attaque dont la Force Onusienne (MONUSCO) ainsi que les services de Sécurité Congolaise (FARDC) ont considéré que les assaillants appartenaient au « groupe armé » Twirwaneho. Pour celui qui a suivi de près les récentes violences dans cette partie sud du Sud-Kivu et particulièrement les attaques sur Minembwe et contre les villages et bétails de la communauté Banyamulenge en particulier, toutes les hypothèses restent possibles. Seule une enquête independante peut déterminer qui étaient les assaillants et pour qui ils ont opéré. Bien que Twirwaneho est mis sur la sellette, rien ne peut exclure une manœuvre concoctée par les officiers de FARDC. Si un Lieutenant Général peut être accusé (à tort ou à raison) de connivence avec « l’ennemi » de la nation, que ne peuvent faire ses unités ?

Contrairement aux langages « diplomatiques » qui veulent faire croire que le Banyamulenge dans les Hauts Plateaux d’Uvira-Fizi-Itombwe ont survécu grâce aux efforts de la Monusco, j’y apporte une nuance pour ne pas dire l’inverse. Certes, la MONUSCO et le Bureau Conjoint de Nations Unies pour les Droits de l’Homme en RDC ont contribué à éclaircir l’incident survenu Kipupu (Gipupu) en date du 16.07.2020. Il faut reconnaitre à la Monusco ce courage qui a fait qu’une mission soit diligentée vers Kipupu pour enfin déterminer que élus du peuple, des religieux et hommes de Dieu ainsi que le Prix Nobel de la Paix peuvent toutes et tous se tromper si pas comploter.

En plus de cela, la force Onusienne a pu tardivement intervenir pour assister les populations Banyamulenge de Bibokoboko (Bibogobogo) en 2021, ceux de Rurambo (2021-2022) mais aussi ceux qui ont pu trouver l’abri a Mikenge (Mikenke) depuis 2019. Toutefois, en toute honnêteté, il faut aussi reconnaitre que la Monusco n’a pas été à la hauteur des attentes de la population locale qui espéraient que sa présence pourrait leur sauver de ce calvaire qu’elle a connu durant ces dernières années (2017-à nos jours). Que dire de nombreuses personnes tuées alors que les unités de Forces Armées de la République Démocratique du Congo (FARDC) se positionnaient en complice et la Monusco en position indifférente si pas impuissante.

Dans cette zone de Hauts Plateaux d’Uvir-Fizi-Mwenga, combien de villages, de bétails, de champs ont été détruits alors que la MONUSCO parlait de la violence dans les « montagnes ». Combien de villages ainsi que les bétails ont été détruits et décimés dans les alentours des bases MONUSCO à Mikenge, Minembwe, Bijombo… Il serait complaisant d’affirmer que les efforts de la Monusco ont été effectifs et que c’est à elle seule qu’on doit attribuer la survie de Banyamulenge. Le fait que l’expérience de la RDC et du Sud-Kivu en particulier peut inspirer les Nations Unies ainsi que ses missions de maintien de la paix, il faut plutôt reconnaitre que peut-être la détermination de ces jeunes gens qui ont formé l’auto-défense ainsi que l’appui de la diaspora qui se substitua en organisations humanitaires, je ne pense pas qu’il y aurait aucun membre de la communauté Banyamulenge vivant encore les Hauts Plateaux d’Uvira-Fizi-Mwenga aujourd’hui.

Et qui l’auteur de l’attaque de la Monusco à Minembwe ?

Est-ce que cette inefficacité de la MONUSCO peut-elle expliquer l’attaque de sa base à Minembwe et la mort d’un Casque Blue Pakistanais ? Et pourquoi le communique de la Monusco pointer du doigt Twirwaneho comme présumé commanditaire ? La réflexion de ce blog se situe à deux niveaux. D’une part, il est important de réaliser que si cette région du Sud-Kivu s’est vue détruite, la première responsabilité incombait aux FARDC. En plus de faillir dans ses missions de protection de civils et leurs biens, ces unités FARDC avaient opté d’allumer le feu tout en se positionnant et présentant cette crise régionale qui impliquaient les pays voisins (Rwanda-Burundi) comme une violence inter-ethnique.

L’ (in)efficacité de la Monusco  durant les recentes violences au sud Sud-Kivu peut se résumer dans ces quelques hypothèses. Il est probable que la Monusco, dans ses défaillances, bureaucratie, sa dépendance vis-à-vis de renseignements obtenus auprès de FARDC (services de sécurité) ainsi que ses connaissances limitées de problèmes locaux, la force Onusienne serait tombée dans un piège qui a été tendu par ces officiers FARDC qui voulaient à tout prix que cette guerre régionale soit réduite en crise locale, inter-ethnique pour dissimuler son ampleur. Dans un complot dont le temps nous dira ses secrets, les Hauts gradés de FARDC (son Etat-Major) en connivence avec les services secrets de pays de la région de Grands Lacs usant les stratégies de guerre par procuration au travers les groupes armés et rebelles, l’issue avait été scellée pour ces Banyamulenge vivant dans les Hauts Plateaux d’Uvira-Fizi-Mwenga.

La base de la Monusco Minembwe est dans le Centre Madegu, à quelques mètres du QG FARDC/PNC

Il ne serait pas fort d’affirmer que seule la détermination de ces jeunes gens organisés en auto-défense Twirwaneho/Gumino ont pu défier ce complot d’en finir une fois pour toute avec ces “envahisseurs” Banyamulenge. Ce complot a-t-il totalement été abandonnée ? Je ne crois pas car certains de ces officiers FARDC sont toujours en place à Minembwe. Cette rancune ainsi que d’autres manœuvres peuvent amener ces officiers à comploter et manipuler une attaque contre la Monusco connaissant simplement qu’accuser Twirwaneho passera sans aucun problème dans les oreilles de la majorité de Congolais ainsi qu’au sein de la Monusco qui de plus en plus est devenue vulnérable ces derniers mois.

S’opposer à la Démobilisation ou Inciter la Monusco à Suivre Aveuglement les FARDC? 

Toutes les hypothèses sont probables. Toute personne qui parle Kinyamulenge, ayant utilisé son téléphone portable pour prévenir la Monusco de sa reddition ne peut inexorablement pas être assimilée à Twirwaneho. Toutefois, ces derniers peuvent chercher à entraver les efforts de la « démobilisation » car ce programme réduit ses effectifs. Devant cette pression et manouvres qui ne résolvent pas le nœud du problème mais plutôt chercher à affaiblir un groupe qui se voit défenseur de leur communauté, ils peuvent décider d’attaquer cette base de la Monusco.

Toutefois, de questions techniques et sécuritaires se posent sur ce processus de démobilisation dont les candidats doivent venir les heures tardives vers 22.30 à Minembwe Centre et auprès de la Monusco. Ensuite, il est curieux pour celui qui connait bien l’emplacement de cette base militaire de la Monusco, comment est-ce que ces assaillants concevaient leur retrait alors que l’attaque a été commise dans un périmètre où se trouve le Quartier Général de FARDC/Police ?

Lire aussi les communications de la Monusco dans les contextes presques similaires:

1. Un casque bleu pakistanais tué dans une embuscade: Est de la RDC : Un casque bleu pakistanais tué dans une embuscade (aa.com.tr)

2. Mort d’un Casque Blue Marocain en RDC: Mort d’un Casque bleu marocain en RDC – Médias24 (medias24.com)

3. L’attaque contre la Monusco a fait deux morts, 13 blessés et quatre disparus: L’attaque contre la Monusco a fait deux morts, 13 blessés et quatre disparus – L’Orient-Le Jour (lorientlejour.com)

Enfin, une question se pose pourquoi la Monusco s’est subitement soustrait de ses formules diplomatiques de ne pas citer nommément le nom des assaillants avant les résultats de l’enquête? En parcourant plusieurs communications de la Monusco par rapport aux attaques meurtrières visant cette force Onusienne, il ressort que dans la plupart de cas, les assaillants sont désignés comme étant « inconnus ou non encore identifiés » jusqu’au point qu’une enquête détermine clairement qui sont-ils. Les communications de la Monusco citent le nom des assaillants comme « présumés » dans les conditions d’attaques ayant une forme d’affrontements ou du moins une attaque en pleine journée et perpétrée par un groupe facilement identifiable. Alors que cette attaque de Minembwe a été commise pendant la nuit, avant toute forme enquête, les FARDC avaient déjà confirmé que les assaillants appartenaient au groupe Twirwaneho. Et dans la suite, la Monusco a emboité le pas en citant Twiraneho comme présumés auteurs. Peut-on croire qu’une enquête sera encore une fois diligentée ?

Delphin R. Ntanyoma

Twitter: https://twitter.com/Delphino12

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PhD & Visiting researcher @POLISatLeeds, proud of being a "villageois". My interest: Peace, conflict, Genocide Studies, Minority ethnic groups, DRC, African Great Lakes region. Congolese, blogger & advocate #Justice4All in #DRC.

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