En date du 27-28/09/2023, le Président de la République du Burundi, Evariste Ndayishimiye, a visité la capitale Kinshasa. Depuis mi-2021, c’est la deuxième visite depuis que Evariste Ndayishimiye et le Président Felix Tshisekedi sont entrés en fonction. La première visite du Président Evariste Ndayishimiye à Kinshasa date du 12-14/07/2021 alors que celle du Président Felix Tshisekedi au Burundi a eu lieu en date du 21-23/05/2022. Pendant ces deux visites officielles, les deux pays ont signé des accords bilatéraux allant dans le domaine de l’économie et de la sécurité.
De la « Diplomatie Négligente » envers Gitega ?
Alors que les relations entre ces deux pays semblent être au bon fixe, l’expérience de deux premières années de l’administration Tshisekedi ont été marquées par une forme de négligence diplomatique de Kinshasa envers Gitega. Il est à noter que depuis son accession à la magistrature suprême, le Président Felix Tshisekedi a fait de multiples voyages dans plusieurs capitales du monde au point qu’il avait été surnommé « le Président de record en voyages ». Toutefois, on peut croire que Tshisekedi avait en quelque sorte placé le Burundi au troisième rang. Il est fort probable que les relations entre Kinshasa et Kigali avaient dicté le choix du Président Felix Tshisekedi vis-à-vis de son voisin, le Burundi. Depuis 2015 jusque récemment, les relations entre le Burundi et Rwanda avaient été caractérisées par des tensions sécuritaires et diplomatiques qui, en partie, étaient liées à la présence de rebelles Burundais au Sud-Kivu soutenus par Kigali et ceux dits Rwandais au Burundi.
Lors de leurs échanges, les deux Présidents se sont rejouis de l'excellence des relations historiques d'amitié, de fraternité et de coopération bilatérale dans des domaines variés qui lient le #Burundi et la #RDC et leurs peuples respectifs pic.twitter.com/tlRDtsaMf4
— Ntare Rushatsi House (@NtareHouse) August 28, 2023
Dans un premier temps, la RDC et l’administration Tshisekedi avait fait abstraction ou nié la présence de rebelles Burundais sur son territoire. La RDC, au travers un discours officiel, avait opté pour le choix de dissimuler cette présence en jugeant toute la violence au Sud-Kivu comme étant simplement locale et communautaire. Ce n’est qu’à la veille de la visite du Président Evariste Ndayishimiye (Juillet 2021) que Kinshasa et l’armée Congolaise ont fait mention de la présence de rebelles Burundais au Sud-Kivu. Dans un communiqué où la position de la RDC était moins confortable (l’armée―FARDC contredisant le Commandant Suprême), l’armée avait faussement affirmé que les rebelles Burundais se sont coalisés aux Twirwaneho. Tout de même, cette déclaration officielle de FARDC fut un tournant dans la position de Kinshasa et cela prouvait que Tshisekedi était dans une obligation de changer ses calculs en vue de trouver de nouveaux alliés dans la région de pays de Grands Lacs d’Afrique.
Depuis la résurgence de la rébellion du M23 au Nord-Kivu, la dégradation de relations sécuritaires et diplomatiques entre Kigali et Kinshasa ont fait que la dernière solliciter l’appui militaire de pays de la Communauté Est-Africaine (EAC) pour la sécurisation des provinces de l’Est de la RDC. C’est dans ce cadre que les contingents du Burundi, du Kenya, de l’Uganda ainsi et la République du Sud Soudan ont été déployés dans les provinces de l’Ituri, Nord Kivu et Sud-Kivu. Au même moment, l’EAC a engagé des négociations avec les groupes armés locaux Congolais sous l’égide du Président Uhuru Kenyatta dans le processus dit de Nairobi. Le processus de Nairobi fait concomitamment avec celui de Luanda sous la conduite du Président Angolais Joao Lourenço.
Quel a été en coulisses l’objet de la visite d’Evariste Ndayishimiye?
Alors que les deux pays ont signé des accords bilatéraux, l’heure de la visite n’entre possiblement pas dans l’étape de l’évaluation des accords convenus. L’apparence pourrait emmener à croire que les deux pays se sont convenu d’entamer d’autres projets d’intérêt commun. Toutefois, le contexte socio-sécuritaire de la région de grands lacs d’Afrique indiquerait que l’objet principale de la mission du Président Evariste Ndayishimiye était bien autre que celle dont l’apparence nous montre.
#RDC: “Ce n’est pas le moment de dire qu’il faut renvoyer la force régionale”, @GeneralNeva pic.twitter.com/5OybCGY2TZ
— Stanis Bujakera Tshiamala (@StanysBujakera) August 28, 2023
Face à l’inadéquation de Kinshasa de traduire en actes pratiques son discours face au M23 ainsi qu’à la force régionale de l’EAC, le choix serait que l’administration Tshisekedi veut engager des pays de l’EAC sur les pistes bilatérales. Il engagerait discussions bilatérales dans l’espoir que si chaque pays (à titre individuel) y-trouve ses propres intérêts, ces pays peuvent basculer leurs positions en vue de soutenir celles de Kinshasa vis-à-vis les grandes questions d’actualités dans la région des grands lacs. Dans l’attente de ce que pourra décider la SADC (The Southern African Development Community), de signaux à suivre de près indiquent que discussions pareilles sont encours avec certains pays de la région. Dans la même optique, il s’est aussi observé une tendance de Kinshasa de présenter certains contingents de l’EAC comme de bons élèves alors que d’autres sont présentés comme de complice du M23. Si cela est vrai, le choix de cette stratégie est à comprendre dans la déception de Kinshasa face à une force régionale qui est largement intéressée par la stabilité de leurs frontières que de calculs politiciens à court terme.
Devant cette stratégie diplomatique d’engager les pays de l’EAC sur les pistes individuelles, il me semble que les pays de la région veulent engager une approche holistique qui résout et les questions locales mais aussi les questions sécuritaires leurs frontières. La plupart de pays de l’EAC trouvent d’ennuis ainsi que difficultés sécuritaires causés par l’incapacité de Kinshasa de contrôler et securiser son territoire; et surtout l’est du Congo. La plupart de ce pays savent bien que les forces de défense et de sécurité de la RDC font partie de l’équation à résoudre. Je reste convaincu que, dans un ton ferme, le Président Evariste Ndayishimiye, comme le Président en exercice de l’EAC a clairement signifié à son Homologue que l’EAC n’a pas d’autre choix que celui d’accompagner la RDC à retrouver la stabilité. Mais que tout doit passer par un dialogue franc et sincère entre les pays de la région mais surtout que Kinshasa doit reconnaitre qu’aucune solution n’est possible en dehors de discussions politiques avec les communautés locales et les groupes armés locaux ayant des doléances fondées. Que le Président Evariste Ndayishimiye ait apparemment pris ce ton qui n’agace pas le public et/ou les représentants de médias, la position de l’EAC selon ses dires n’a pas encore changé. “QUI VIVRA VERRA“
La rédaction
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