Feu Colonel Richard Mwungura Traître du Peuple de Beni : Désinformation ou Intoxication ?

y a à peine 8 mois que Beni est sous le choc au quotidien. Beni connait un drame sans précédent qui a fait, dans une période de 5 mois, autour de 400 personnes massacrées. Malheureusement, ce calvaire semble ne pas prendre fin dans le bref délai, au vu de l’évolution de ce climat dangereux. La plupart de ces personnes mortes sont des femmes et enfants qui n’ont rien n’avoir avec les politiques. Des paisibles citoyens qui ont survécu les atrocités qu’a connues l’Est du Congo durant ces dernières décennies. Ils se débrouillaient pour survivre compte tenu du manque des mécanismes appropriés de distribution de la richesse nationale. Les voilà abandonnés sans aucune justification convaincante, impossible à croire.

Dans tout ce macabre, la question principale est que ces tueries et massacres de Beni n’ont jamais été revendiqués, alors qu’ils sont apparemment organisés par des bandes bien structurées. Ceux-là qui suivent cette situation savent de quoi ça signifie, les tueries qui se succèdent, dans un pays gouverné avec des forces de sécurité sans nombre. Fallait-il que ces massacres prennent tout ce temps ? Il faut aussi penser aux failles de ces services de sécurité qui ne prennent pas de dispositions devant de telles tragédies qui se sont aussi répétées dans plusieurs contrées du pays.

Du point de vue du bloggeur, il apparait que ces tueries de Beni peuvent se retrouver dans trois pistes majeures : En premier lieu, ces tueries peuvent être perpétrées par des ADF/NALU, la rébellion ougandaise opérant dans la région. De par son passé, les ADF/NALU sont reconnus pour leur crimes organisés et qui n’épargnent personnes selon le modèle jihadiste qu’ils semblent appliquer. En deuxième lieu, il peut s’agir des règlements des comptes politiques dans la région Nande. Cette option semble être floue, alors qu’elle revêt une potentialité importante autant qu’elle peut opposer les tenants du pouvoir dans la région et leurs dissidents ou détracteurs. Une main cachée de personnalités originaires de la région ou d’autres qui ont intérêt dans ces tueries, se trouvant dans les grandes capitales du monde, peuvent se voir impliquer.

Massacre de Beni, MONUSCO n'a pas de solutions
Massacre de Beni, MONUSCO n’a pas de solutions

La suite serait d’exposer les populations locales pour les intérêts politiques individuels. Dans ce cas, la deuxième hypothèse peut simplement profiter d’un ‘disfonctionnement’ au sein des services de sécurité, qui peuvent se laisser distraire à cause de la partialité de certains d’entre-eux. Ensuite vient l’option de cette nouvelle rébellion longtemps prophétisée et en quête de préparation et qui pourrait avoir de base-arrière dans les pays voisins. Elle est une piste, de mon point de vue explosive, car elle prédirait qu’une rébellion aura le jour dans un bref délai. Mais particulièrement, cette piste mettre en nu les capacités de nos forces de sécurité de contenir des infiltrés qui œuvrent sur un territoire pendant plus cinq moins. De ce fait, la piste est à analyser profondément pour mieux en déterminer ses contours avant de l’avancer.

Cette analyse d’options probables de ce qui se passe à Beni est pratiquement complexe mais il faut seulement rappeler les décideurs que cette tragédie devait immédiatement cesser. Un appel aux politiciens, services de sécurité de reconsidérer que la vie humaine est sacrée et ne doit pas être exposée car enfin, la réalité finira par éclater. Plutôt, l’objet de cet article est d’appeler Défense & Sécurité du Congo (DESC), qui dans son analyse de la crise de Beni a fait mention de de faits qui laissent de doute pour un lecteur informé et impartial (cliques sur le lien pour acceder au contenu). Pour ce faire, il serait avantageux de reconsidérer la manière dont de certaines informations n’ont pas été vérifiées alors qu’elles peuvent contribuer à stigmatiser quelques groupes communautaires. Il s’agit principalement de l’implication du feu Colonel Richard Mwungura Bugumba dans les atrocités commises à Beni car le bloggeur détient d’informations récentes et fiables sur lui. En plus de cela, dans le même article, il semblerait que l’analyste affirmer que les « Rwandophones » sont les commanditaires en premier rang de ce qui se passe dans cette partie du pays. Une affirmation dangereuse qui envenimerait la société, les communautés ainsi que la stabilité et la concorde entres groupes ethniques.

Devant cette gravite de massacres qui se perpètrent à Beni, il est difficile d’admettre que le feu Colonel Richard Mwungura serait directement impliqué dans ces tueries. D’une part, feu Colonel Mwungura servait l’armée, FARDC sous le drapeau à Shabunda (Sud-Kivu), il y a au moins deux ans. En plus de cela, feu Mwungura a trouvé la mort dans sa zone d’opération militaire, la province du Sud-Kivu, par une maladie et plusieurs personnes sont témoins de cette disparition tragique. Il a été enterré `à Goma pour une simple raison familiale; son épouse et ses enfants se trouvent jusqu’aujourd’hui à Goma. Ceci pourrait simplement dire que ceux-là l’accusant d’être tombé sous les balles de commandos Tanzaniens à Beni ont sciemment désinformé leurs lecteurs ou ils ont été induits en erreur par leurs informateurs. Malgré la source de ces informations que je considère comme en partie erronées, il est de la responsabilité de Défense & Sécurité du Congo, dans le souci d’informer, de vérifier la véracité de celles-ci pour son intégrité et souci de neutralité qui caractérisent des analystes.

Feu Colonel Richard Mwungura Bugumba
Feu Colonel Richard Mwungura Bugumba

Le colonel Mwungura, 43 ans, est de la communauté Banyamulenge qui vit dans le Sud-Kivu, une réalité vérifiable facilement. Pour des raisons qui ne font pas l’objet de discussion dans cet article, Richard Mwungura a rejoint, vers les années 90, le Front Patriotique Rwandais. Il est revenu en RDC en 1996, lors de la ‘libération’ de l’AFDL, sous Mzee Laurent Désiré Kabila. En dehors d’un passé que Wondo cite des années 1999-2000, un analyste ne devra pas faire abstraction du contexte de ces années des rebellions et qui en étaient leurs maitres-décideurs. Cela n’enlève en rien la responsabilité individuelle. Toutefois, il faudra retenir qu’à titre personnel, je retiens du feu colonel Mwungura de ses efforts qu’il a fourni pour la concorde et la cohabitation des groupes communautaires dans le Sud-Kivu.

Bref, le lecteur pourra retenir que Feu Colonel Mwungura étaient parmi les rares militaires Banyamulenge qui avaient opposé la gestion des Forces Armées Congolaises (FAC) par son chef James Kabare en 1998. Il fut parmi quelques centaines qui avaient organisé la mutinerie appelée de Remera avec des réclamations qui ont été étouffées dans l’œuf, alors qu’elles avaient l’intention de mettre en nu l’instrumentalisation de Kigali dans le FAC. Une mutinerie des membres des FAC qui fut transformée en affaire Kabare-Banyamulenge. Seuls les officiels Banyamulenge avaient été conviés dans les négociations. Certaines personnalités informées ont affirmé que James Kabare avait reçu une instruction de la part de Kigali comme quoi il doit finir avec cette mutinerie sans qu’une balle ait sortie de l’arme. La suite de cette mutinerie était que le Chef de FAC avait promu que tous ceux-là qui ont participé dans la mutinerie auront disparu dans quelques temps. Cela se concrétisa lors du déclenchement de la guerre du Rassemblement Congolais de la Démocratie. La plupart d’entre ces mutins périront sous les fusillades de leurs compagnons d’armes, en 1998.

En 1998, feu colonel Mwungura a pendant longtemps résisté devant l’avancée des forces du RCD-Armée Patriotique Rwandaise (APR) à Uvira. Il avait d’ailleurs opposé la présence et le commandement de l’APR sur l’axe Uvira-Kalemie de façon qu’au niveau de Fizi, il décida de rebrousser chemin en passant par Minembwe. C’est durant une longue tractation, position de faiblesse, attitude de Kinshasa de sacrifier l’ensemble des militaires Banyamulenge qui ont été exécutés, que feu Mwungura décidant de rejoindre le RCD. C’est dans cette position de faiblesse, frustration et désespoir qu’il sera muté probablement à Kisangani. Le lecteur se souviendra le contexte militaro-politique de la région de Kisangani entre Ugando-Rwandais en 1999.

Le Colonel Richard Mwungura est parmi les officiers de FARDC qui avait farouchement opposé l’avancée de Laurent Nkunda et le CNDP dans le Nord-Kivu. Un officier de FARDC me raconta le jour où sa disparition est annoncée qu’un jour, alors que feu Colonel Mwungura préparait l’attaque contre les forces de Laurent Nkunda, il avait donné l’ordre de le ramener vivant ou mort et qu’il ne voulait pas entendre qu’il a fui. De par l’expérience du passé, feu colonel Mwungura avait décidé, lors de l’avancee du CNDP, de protéger la RDC contre ces manipulations et invasions externes qui ne finissent pas. Il y a d’ailleurs ceux-qui avaient cru que sa position était erronée du fait du contexte socio-politique de la région des grands lacs et de la RDC en particulier.

Obseques des Colonels Mwungura & Innocent
Obseques des Colonels Mwungura & Innocent

Feu Colonel Mwungura a succombé à de milliers de kilomètres de Beni de façon que son implication dans ce qui se passe à Beni soit improbable ou même impossible. De ce fait, l’existence de cette information dans l’analyse de DESC fait plane de doute sur l’ensemble de son contenu, surtout la disparition du Colonel Innocent. Il semble que cette analyse peut être considérée comme rancuneuse en l’encontre de la communauté dite ‘rwandophone’, de la part de l’analyste ou ses informateurs. Ou soit, ces analyses s’inscrivent dans la propagande contre le pouvoir en place à Kinshasa. De toutes les façons, les analystes doivent afficher leur neutralité car constituant d’éclaireurs, en évitant des propos affirmatifs non vérifiés.

Le lecteur pourra lire dans cette analyse de DESC de tels propos « Il n’est pas étonnant qu’un de ses frères d’armes du RCD-Goma, un des plus loyaux serviteurs de Joseph Kabila, le général Charles Bisengimana, Commissaire générale de la Police nationale, aussi indexé dans plusieurs rapports de l’ONU et des ONG des droits de l’homme pour massacres, assassinats et autres crimes de guerre, se soit déplacé en personne pour honorer son frère rwandophone Mungura ». Le lecteur remarque que Wondo met en évidence l’appartenance communautaire de ces personnalités citées, alors que le commissaire général de la Police Nationale Congolaise, Charles Bisengimana est un familier proche du feu colonel Mwungura ; la raison principale qui a fait qu’il participe lors de la cérémonie d’enterrement de ce dernier.

Bizarrement, l’analyste semble affirme dans l’amalgame que si les assaillants « sont rwandophones, les unités FARDC noyautées par des officiers rwandophones, laissent faire, voire opèrent en complices. Quel que soit leur attachement à la nation congolaise, il faut les éloigner des théâtres d’opération dans le Kivu. Ce que Mbuza Mabe, Mamadou Ndala, Bahuma et Olenga ont réussi à faire tout en veillant à ne pas les stigmatiser.» De telles suggestions qui mettent en marge une frange de la société amène à penser que l’analyste fait de la propagande ou intoxication à la place d’informer.

Il peut arriver que certaines personnes appartenant à une communauté ait commis des crimes comme cela est le cas au sein de la société congolaise qui a connu d’atrocités innombrables. Et ces criminels présumés ou reconnus n’appartiennent pas seulement à quelques groupes ethniques composant ce pays. Il est vrai, nous les connaissons dans l’ensemble de communautés composant la société congolaise. Toutefois, l’existence de ces criminels appartenant à une communauté ne doit pas s’imputer avec amalgame à cette dernière. Il me paraissait aussi inopportun pour un analyste, à qui j’avais du respect comme Wondo le temps que je lisais ces analyses, d’avoir accepté certains propos moins fondés. Le moment aussi de rendre hommage à ces vaillants combattants qui se sont sacrifiés pour la survie de la société congolaise ; mais aussi aux lecteurs de ne pas prendre tout comme parfait. Il faut toujours avoir l’esprit critique, ce qui amène une société à la maturité.

Ntanyoma R. Delphin

Twitter: https://twitter.com/Delphino12

Blog: www.easterncongotribune.com

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PhD & Visiting researcher @POLISatLeeds. Interest: Microeconomic Analysis of Violent Conflict, Genocide Studies and violence targeting minority groups. Congolese, blogger advocating for Equitable Redistribution of Ressources & national wealth as well as & #Justice4All #DRC. On top of that, I'm proud of being a "villageois"

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