Quand la MONUSCO Loupe : Quelle est l’Origine de ses Failles ?

De passage d’Uvira vers Minembwe, avec une facilité de la Mission de l’Organisation de Nations Unies pour la Stabilisation du Congo (Monusco), le processus de check-in est un exercice très rigoureux. Blaise en sait bien. On peut t’exiger une carte d’électeur même si vous avez présenté votre passeport. Il m’a fallu des minutes (des heures) pour comprendre cette conception car le passeport joue le rôle d’une carte d’identité valide plus que la carte d’électeur. Dans ce processus rigoureux, on ne vérifie jamais que l’enrôlement ait lieu quand une personne ait été en dehors du pays.

  1. Monusco & Définition de l’Armée Républicaine

En date du 4 Mars 2019, en plein attaque venant des localités de Matanganika vers Minembwe ; attaques qui ont eu lieu entre 26 Fevrier-7 Mars 2019, Moise Chirhalwirwa a affirmé en plein réunion avec les notables de Minembwe que les animateurs de la Commune Rurale ne seront pas installés et devront continuer à travailler comme un poste d’encadrement administratif. Il était accompagné par l’Inspecteur territorial bien que cette force d’imposer un point de vue proviendrait par le fait qu’il fait partie de Nations Unies. Pour précision, Moise est un agent de la Monusco Sud-Kivu. En date du 16 Mai 2019, un officier Supérieur de la Monusco a encore une fois confirmé à Minembwe que le problème que connait cette région est l’existence d’une ‘armée mono-ethnique’ ; allant dans le sens d’affirmer que l’armée est composée majoritairement par les officiers appartenant à certaines communautés. Il affirma que la solution serait de ne plus admettre des officiers originaires de cette partie du pays d’être déployés dans le Haut Plateau.

En date du 26 Juin 2019, la Représentante Spéciale du Secrétaire Général des Nations Unies au Congo, devant une multitude d’officiels de l’armée nationale, officiels politiques au sein de la primature et ses collègues de haut rang au sein de la Monusco a tenu le même discours que le Major Pakistanais à Minembwe. Il affirma dans ses propos que le problème sérieux dans le Haut plateau de Minembwe-Bijombo est le sentiment hégémonique d’un groupe communautaire qui veut dominer les autres ; et aussi, la présence des officiers militaires natifs de cette région qui enveniment les relations entre communautés à cause de leurs comportements.

Par la suite, des officiers militaires ont été déployés d’une manière sélective sous cette pression de la Monusco et de certaines mains invisibles. Pour la plupart, ces officiers ont été déployés en laissant leurs unités dans la région en vue d’aller rejoindre d’autres unités en dehors du Sud-Kivu. Ce débat flou se veut de ramener la notion d’une arme républicaine. Vous ne pouvez pas imaginer les ennuis qu’auraient posé cette conception purement erronée : Il faut chercher un seul officier au sein d’une brigade et le déployer ailleurs car il est membre d’une communauté ! Je dis bien UN SEUL INDIVIDU dans un ensemble de milliers de militaires, indépendamment de sa fonction si mineure ou secondaire. Et comment est-il identifié ? je ne sais pas !

A la suite des attaques Maimai sur Minembwe avant-hier, hier et aujourd’hui (8-10 Octobre), la Monusco s’est exprimée là-dessus lors d’une conférence de presse bimensuelle tenue à Bukavu. Ce matin, le Porte-Parole de la Monusco aurait affirmé, selon La Prunelle Media, que l’attaque de Minembwe pendant les trois derniers jours visait à venger leur chef de village. En de termes plus clairs, Claude Raoul dit que « …. Les informations reçues font état du fait que les Maï-Maï voudraient venger leur ancien Chef de village qui aurait été assassiné en complicité avec le chef du village Ilundu. » Maimai voudraient venger leurs chefs de village assassiné en complicité du chef village Ilundu ? Il s’agit de propos tenu pendant une conférence de presse de la Monusco, une mission de maintien de la paix ?  Cliquez sur ce lien de La Prunelle pour les details.

En lisant ce passage dans l’article La Prunelle, je me suis rendu compte que Minembwe n’est pas seulement victime de l’indifférence―complicité des pays de la région de Grands Lacs d’Afrique, de la complicité (incapacité) de l’armée nationale, et des Maimai qui veulent en finir avec les voisins une fois pour toute. En plus de ces acteurs ayant d’intérêts divergents mais qui veulent régler les comptes pour la dernière fois, Minembwe est victime du système de collecte d’information au sein des organes de Nations Unies. La situation est-elle vraiment calme ? Ce système de collecte d’informations est à remettre en cause.

2. Chars-Blindés: Moyens de Maintien de la Paix  Locale?

Mon expérience personnelle m’a prouvé que la Monusco, l’une de grandes forces de Maintien de la Paix au niveau mondial est totalement dépassé par les événements dont leurs réponses exigent l’existence des institutions Etatiques fonctionnelles et non les Chars et Blindés. Opérant en RDC depuis les années 1999, sa mission d’interposition aurait dû prendre fin quand les belligérants―Etats s’étaient publiquement retirés. Le reste, les guerres par procuration et celles « sans frontières » entre les civils et combattants ne sont plus leurs domaines.

Demander à nos amis de comprendre cette complexité que présente la guerre dans le Haut Plateau est complétement utopique. Dire à la top hiérarchie de la Monusco que les informateurs locaux seraient de fois de belligérants, cela prendra de milliers d’années pour changer ce système. Ils auront moins le courage de contre-vérifier ces informations sur le terrain pour comprendre dans le fonds les causes profondes. Ici je rejoins et invite le lecteur soucieux de comprendre cette faille par Autesserre, Severine (2012) « Dominant tale… ».

Pour conclure cet article-Blog, je reviens sur deux points importants évoqués dans la partie introductive. Si la Monusco croit que les officiers militaires natifs d’une région ne doivent pas servir la Nation dans les zones d’origines, l’identification commence où et finit par quel niveau ?A quel niveau l’armée est dite républicaine ou dysfonctionnelle ? Au sein des hommes de troupes, au niveau des Bataillons, Brigades, Régions Militaire, Zones de Défense ou à l’Etat-Major Général ? Par quels mécanismes un militaire sera identifié comme natif d’une région ? Par un test ADN ou par les informations contenues dans ses empreintes digitales ?

Combien de temps cet exercice va prendre pour que des unités soient déployées dans une région alors qu’il faudra partir de la vérification personnelle de chaque soldat, officier subalterne, officier supérieur, commandant de la région, de la zone… Même le Conseil militaire du Chef de l’Etat ! Quel est l’organe qui va valider ce processus pour que l’opinion sache qu’il n’y a pas eu d’infiltrations ? Quel irréalisme dans la formation d’une armée républicaine ? En fin de compte, cette conception « irresponsable » ne contribue qu’à fragiliser l’armée faible. J’évite de poser la question de savoir quelle est l’implication que cette mesure posera sur l’individu à qui la hiérarchie n’a pas confiance et quelle est cette population qui aura confiance en lui ? Je trouve moins sincère que la formation d’une armée républicaine passe par ces mécanismes de vérifier les origines de chaque militaire.

3. Influence de « Belligérants » Locaux au sein de Nations Unies ?

Le comportement comme celui décrit sur Moise ou Blaise ont une influence (à la moindre mesure ou pas) dans de telles propositions auxquelles les Nations Unies veulent contribuer pour résoudre les crises persistantes. Je me demandais toujours le canal par lequel un Représentant Spécial du Secrétaire Général des Nations Unies en RDC a-t-elle appris qu’il y a des communautés hégémoniques ; ayant un sentiment de domination ? Une telle information ne peut en aucun cas tomber du ciel : une révélation divine ? Par quel pouvoir un agent de la Monusco peut affirmer qu’une commune ne fonctionnera pas et se permet de donner conseil de revenir sur le modèle du poste d’encadrement ? Et d’ailleurs, des infos récentes laissent croire que l’installation des encadreurs de la Commune va encore prendre de temps car les armes ont retenti en opposition à une SEULE COMMUNE Rurale parmi des milliers. Lire l’article sur le reportage de Radio Okapi sur la crise Minembwe-Bijombo.

Enfin, je me demande si chaque attaque qu’a connu Minembwe, la Monusco a toujours trouvé une explication et raison spécifique de la part de Maimai ? Qui est ce chef de village que les Maimai sont venus venger avant-hier, hier et aujourd’hui ? Qui est ce chef de village d’Ilundu complice dans cet assassinat ? Quels propos incendiaires que les Nations Unies peuvent tenir en présentant le Chef de village d’Ilundu comme complice ? Les instances de la Monusco ont-elles réellement vérifié cette information. Et pour arriver à Ilundu, il faut avoir bruler tous les villages de Karongi, Kabingo, Biziba… ? Et pourquoi depuis 2015, la Monusco ne rappelle pas à l’ordre tous les Etats de la Région de Grands qui envoient des hommes en armes dans cette partie du pays avant d’accepter naïvement que la question que connait Minembwe sont de représailles !

 

NTANYOMA R. Delphin

PhD Researcher in Conflict Economics

The Institute of Social Studies/

Erasmus University Rotterdam

Twitter: https://twitter.com/Delphino12

Blog: www.easterncongotribune.com

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PhD & Visiting researcher @POLISatLeeds. Interest: Microeconomic Analysis of Violent Conflict, Genocide Studies and violence targeting minority groups. Congolese, blogger advocating for Equitable Redistribution of Ressources & national wealth as well as & #Justice4All #DRC. On top of that, I'm proud of being a "villageois"

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