A la suite de sa visite a Baraka, territoire de Fizi, Le Ministre Provincial honoraire du Sud-Kivu ; Conseiller au Ministère de la Décentralisation et des Réformes institutionnelles à Kinshasa et Candidat à la députation nationale aux échéances de 2018-2019, circonscription électorale de Fizi nous livre ses impressions par rapport aux questions de sécurité et d’actualité.
- Retour aux Discours Haineux
En date du 05 au 07 janvier 2020, j’ai eu un bref séjour à Baraka en vue de se rendre compte personnellement de l’évolution de la situation sécuritaire qui prévalait sur terrain, ce, après une année des guerres qui sévissent les Hauts Plateaux d’Uvira, Fizi et Mwenga ; une région qui a connu moins d’accalmie durant les trois dernières décennies.
Durant ma visite, j’ai eu d’entretiens avec plusieurs structures publiques et celles de la société civile de Baraka. Il est ressorti de mes contacts avec les autorités politico-militaires en place, que cette guerre que connait les Hauts Plateaux n’avait pas jusque-là affecté (d’une façon significative) le littoral de Fizi. Et c’est grâce aux efforts combinés des services de l’ordre, ceux de la société civile ; mais aussi des autorités politiques qui s’est sont opposé à l’importation de cette guerre à partir de Minembwe jusqu’à Baraka. J’ai tenu par cette occasion saluer ces efforts des autorités politico-militaires.
Néanmoins, quelques cas des tueries ciblés attribuables aux bandits armés qui tuent les bergers et les voyageurs Banyamulenge ont été enregistrés, suivis des enquêtes malheusement non concluantes, ce que nous deplorons tous. Cependant il a été signalé des manœuvres d’intoxication des extrémistes nationaux mais aussi et surtout ceux de la diaspora qui ont fui la guerre et jouissent de la protection dans leurs pays d’asile mais qui continuent à alimenter la même crise qu’ils ont fuis chez eux.
Il m’a été aussi rapporté le cas du discours qui a jeté le feu sur la poudrière. Il s’agit du discours prononcé par l’honorable Homer Bulakali ; député Provincial du Sud-Kivu ; lequel discours a été condamné à la fois par les individualités, la société civile, la Monusco et la mairie de Baraka.
Dans l’espace d’un mois seulement après ce discours, la communauté Banyamulenge à Baraka a eu plusieurs menaces des morts et d’expulsion. D’une part, l’appel a été lancée par un groupe des manifestants contre la « Balkanisation » qui n’est ni l’émanation ni le produit de Banyamulenge, surtout pas des paisibles citoyens à Baraka. Il a fallu l’intervention musclée des militaires qui ont dispersé ces manifestants pour éviter le bain du sang. Bravo à l’armée et la police pour n’avoir pas trahis leurs serments de défendre la population et leurs biens.
Toutefois, il ya lieu se demander quel rapport existe entre les paisibles citoyens Banyamulenge vivant à Baraka et la fameuse Balkanisation ? Une question d’interpellation à ces manipulateurs
Comme si cela ne suffisait pas, dans un intervalle de cinq jours à partir de ce coup manqué à Baraka, les voyageurs Banyamulenge au niveau de Lusuku (moyen plateau de Fizi) vers Minembwe, ont été lynchés par les habitants qui les attribuaient à tort, la mort d’un sujet Mubembe (singulier Babembe) trouvé mort dans la forêt de Mihanga, aux environs de Lusuku). Pourtant la localité ou ce paisible citoyen avait trouvé la mort n’est qu’habitée que par les Babembe ; aucun Munyamulege n’y vit ni y’exerce aucune activité. En tout etat de cause, cette mort dont l’auteur n’a pas été identifié, ne pouvais pas, ni de loin ni de près, être attribué aux passants qui n’en savait rien, seulement à cause de ceux qu’ils sont. Ils eurent la vie sauve grâce à l’intervention militaire alors qu’ils se trouvaient déjà entre les mains de leurs bourreaux, attendant la sentence de la mort qui était déjà visiblement prononcée sans aucune enquête menée. Ces militaires venus aux rescousses à partir de Mukera, ont été obligés de faire retourner ces voyageurs sous bonne escorte jusqu’à Fizi centre. La seule raison et la bonne de leur culpabilité était l’idéologie selon laquelle, un Mubembe ne peut qu’être tué par le Banyamulenge.
Le danger est qu’actuellement la situation s’est tellement détériorée au point qu’aucun Munyamulenge ne peut plus voyager sur le tronçon Fizi-Minebwe, leur milieu naturel, sans payer de sa peau. J’ose croire et interpeller les autorités en place de ne pas garder le silence face à une telle situation qui immobilise les voyages de certains membres de leurs citoyens. Au regard de ce qui précède, peut-on conclure à l’effet d’entrainement du discours du député Homer Bulakali qui aurait envenimé cet état d’insécurité et de menaces dont sont victimes les membres de la communauté Banyamulenge à Baraka ?
2. Effet d’Entrainement : Pourquoi l’Impunité ?
Même s’il est établi qu’un seul fruit pourri entraîne, par l’effet de la contamination la pourriture de tout un sac plein des bons fruits, je me réserve de lever cette interrogation, une façon pour moi de respecter l’indépendance de mes lecteurs dans leurs analyses. Néanmoins, une chose reste indéniable, ce que la culture d’impunité dans notre pays tourne toujours en faveur de ces extrémistes de tout bord. Même si on peut isoler le discours de l’honorable Bulakali de ces autres faits qui peuvent lui être lié, il y a lieu de se demander pourquoi, rien que pour le contenu de son discours condamné par presque toutes les couches de la société, ce député n’a jamais été interpelé pour apporter la lumière sur les visées de son discours qui ne cadrait pas avec sa mission et en dehors de sa circonscription électorale de Bukavu.
Au regard de la situation sécuritaire dégradante et inquiétante, particulièrement chez le Banyamulenge menacés d’extermination et ou du déracinement de leur milieu naturel, Minembwe ; plus d’une personne s’interrogerais sur ce que fait la Monusco pour empêcher la poursuite de ce plan en cours d’exécution. N’y-a-t-il pas de crainte d’être jugé par l’histoire un jour ? En outre, sécuriser sa population est un devoir sacré qui incombe à tout Etat, un devoir pour lequel un Etat ne peut ni déroger ni négocier ; par contre l’imposer parce qu’il en a les moyens. Dans le cas contraire, la population poussée par les sentiments naturels de la survie, aura tendance à développer ses propres mécanismes d’auto- défense avec toutes les conséquences néfastes que cela comporte.
Revenant aux messages audios suivis à longueur des journées sur les réseaux sociaux, surtout ceux de la diaspora appelant la population à s’entretuer, pendant qu’ils sont à l’abris de ces tueries, eux avec leurs familles. Il ya lieu de s’interroger s’ils gardent encore à l’esprit qu’ils ont fuis la même guerre en faveur de la quelle il sont entrain de mobiliser les fonds à titre d’effort de guerre. En agissant ainsi, j’ai comme impression que nos frères de la diaspora ne maitrisent plus la réalité du terrain.
3. Entre la Guerre―les Armes Ou Paix, Unité et Infrastructures de base : Quels Besoins Réels de nos populations à l’Est ?
Le temps est révolu, soixante ans de l’indépendance, parsemées par les guerres inter-ethniques, les fils et les filles de Fizi à l’intérieur comme de l’extérieur du pays, vos rangs et titres respectés, devraient comprendre que notre territoire a tellement besoin de rattraper le retard accusé durant ses années de confrontation et penser à sa reconstruction et son développement. Participons plutôt à l’effort pour le développement qui construit que pour l’effort de la guerre qui est destructrice. Mobilisons les fonds pour la paix et le développement de Fizi, l’unique attente de nos populations.
Je finis par l’interpellation par rapport au silence coupable observé des gens à tendance modéré parce qu’ils en existent partout, ceux qui sont près à tourner la page de la guerre et vivre ensemble en paix. Pourquoi les voix des extrémistes priment sur celle des modérés pacifistes qui veulent faire la paix ? A vous de lever cette interrogation. Pourquoi devrions-nous considérer la guerre comme héritage ou une fatalité ? Réveillons-nous donc de notre profond sommeil, ne cédons pas à la tendance des extrémistes, car elle n’a jamais construit. Plusieurs nations se sont faites des guerres, mais elles ont fini par tourner la page de leurs histoires sombres.
Notre Territoire a tellement besoin de la paix pour amorcer son développement durable, l’unique remède pour sa bonne santé dont il a tant besoin. Toutefois, je crois que cette prescription de la paix est aussi valable pour des territoires sœurs du Sud-kivu qui sont aussi atteint de cette maladie l’insécurité devenue chronique. Je suis de la responsabilité de l’Etat, il fait sa part faisons aussi notre part. L’ennemie de notre territoire n’est pas seulement celui qui y mène la guerre, mais aussi celui qui regarde sans rien faire. On ne peut pas être condamné d’avoir essayé une solution pour ramener et reconstruire la paix. Je propose à mes lecteurs qui pensent comme moi, la création d’un réseau des réflexion et d’échange d’information allant dans le sens de la paix et du développement de chez nous, de chez vous. Ce réseau proposé restera ouvert à tous les membres de nos communautés sans distinction ni discrimination, pour autant que nous cheminions tous vers la paix et le développement.
Que Dieu bénisse notre pays, notre territoire de Fizi et toute sa population pour laquelle je souhaite les meilleurs vœux de nouvel an.
Jacques Rukeba Rukabya.
Ministre Provincial honoraire au Sud-Kivu.
Tel : +243994403814 ; 0824038801.
E-mail : jcqsrukeba@gmail.com
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