
Quand l’Etat impartial et responsable n’existe pas, la violence élue domicile. Nos « protecteurs » sont considérés par ceux qui utilisent les « lunettes étrangères » comme de « Seigneurs de guerre » ou « criminels ». Mais, ils sont plus chers à nous, vaillants et braves au point qu’on tue facilement un parent pour venger une malédiction venue du père. Le cas du Colonel Semahurungure et du Général Twirinde Ndjwapa sont frappants. Ils sont tous deux morts dans les circonstances de combat ; le premier à Tulambo (8/9/2019) et le second à Minembwe (13/9/2019). Cette crise intense qui date de quelques mois dans la région autour de Mikaratai, Tulambo, Kipupu et Minembwe est, dans cet article, définie comme la guerre de Minembwe.
Minembwe, cette partie de la RDC en est en proie à la violence inouïe depuis de dizaines d’années. Cette crise persistante peut se circonscrire dans l’héritage coloniale bien que le climat de violence amène les contestateurs à le décrire en partant d’un raccourci qui avantage plus. L’avantage est de présenter une version, indépendamment de sa neutralité ; l’essentiel est de partir d’un point qui avantage chacun son côté. Les récents affrontements qui se situent entre 2016 et aujourd’hui ont déjà fait de centaines de morts, plus de 160 villages ont été complètement dévastés du groupement de Bijombo jusqu’à Minembwe en passant par Mibunda-Itombwe. Plus de 10 mille vaches ont déjà été razziées ; 200.000 personnes sont de déplacées qui sont pour la plupart concentrées autour de localités situées dans de périmètres les plus dangereux.
Dans la suite de ces événements, d’écoles ont été détruites mais aussi des centres de santé. Toute une région déconnectée de l’ensemble du pays, sans route ni autre infrastructure de transport, les dégâts sont devenus innombrables conduisant vers une tragédie humanitaire sans précédent. D’une manière particulière, ses effets pourront conduire à ce qu’on croyait être une illusion que certains miliciens se sont créée de faire ‘nettoyer leurs terres de tous les occupants’. Les occupants, selon l’idéologie et les indications de déclarations venant de plusieurs sources et médias Sociaux, sont ceux-là dits ‘non-autochtones’. Cette question est délicate car elle mobilise en masse de milliers de jeunes qui ne s’informent qu’autour de la manipulation.
Ces dernières semaines, nous avons assisté à un modus operandi étrange dans la région. La crise actuelle utilise un modus operandi au modèle qu’a connu Bujumbura vers les années 2015-16. Ce plan vise à éliminer, d’une manière ciblée, nos « généraux » en vue d’inciter des réponses violentes mettant en confrontation les communautés. Nos généraux n’ont de passants de grade comme ceux tués au Burundi ; mais, ils nous défendent dans un contexte de polarisation où le principe de chacun pour soi s’applique aux communautés. C’est dans ce sens que le chef de localité d’Ibumba et celui de Gahwera ont été sauvagement exécutés. Respectivement, Naribwini Muninga et Jacques Runanika ont été tués respectivement en date du 12 Septembre 2019 ; alors que Jacques Runanika est mort en date du 14-15 Septembre 2019 chez lui à Gahwera. Dans la foulée de la mort de ces deux notables, plusieurs autres sont sous menace d’être tués par de personnes inconnues qui envoient de messages et appels téléphoniques dans ce sens.
Un incident majeur vient de se passer a Minembwe. Je vois un point de non-retour. un Carnage pourra tomber dans cette partie du pays.
— Ntanyoma R. Delphin (@Delphino12) September 12, 2019
Etant tous deux membres de la communauté Bafuliro, leur mort peut signifier que les auteurs veulent affaiblir leur communauté ; et dans ce cas, on incrimine largement les assaillants affiliés à la communauté Banyamulenge. Toutefois, le premier est mort alors qu’il se faisait accompagner par 3 militaires dont on n’a pas compris par quelle magie ces militaires sont tous revenus sain et sauf alors qu’ils sont tombés dans une embuscade. Le fait que presque tous villages autour de Jacques Runanika se faisaient bruler par Maimai sans que le sien ne soit inquiété, il aurait été suspecté de connivence ; et cela aurait fait peser plus de soupçons sur lui. Les tueurs ne manquent jamais d’explications ni justifications. Cependant, l’élément nouveau dans les récents affrontements est la mort de ceux hommes forts qui étaient considérés comme de chefs de file de Gumino et Mai-Mai.
Mort de nos « Vaillants Héros » ou nos « Criminels » ?
Ils sont de criminels ; mais plus « nos héros » au point que pour les venger on n’hésite pas de tuer même Ndjwapa qui pleurait la mort de son fils.
La mort de Semahurungure Kimasa et Twirinde Ndjwapa ont fait trembler ce monde, je parle de la région de Minembwe. A côté de ces deux, on parle du jeune de la famille Balala qui serait Mulumba ; très influent, émergeant et dynamique dans l’axe Mabenga/Lulenge. Son vrai nom est encore flou mais il aurait perdu sa vie aux environs de Gahwera/Kahwela alors qu’il avait juré de marcher sur la piste de l’aérodrome de Minembwe et occuper le bureau de la commune rurale. Ils sont morts sur le combat qui, de fois, a de causes difficilement concevables. Et ceux qui comprennent difficilement ce contexte peuvent croire que ce sont de ‘seigneurs de guerre’ ou de criminels qui sont morts. Ils se trompent car nous avons perdus nos protecteurs, frères mais aussi de parents. Tous deux ont laissé et de milliers qui ont perdu leurs vies dans de telles circonstances ont laissé de veuves et enfants qui s’ajoutent à de milliers de vulnérables où aucun système social existe pour leur venir en aide. Cet article ne justifie en aucun cas la violence !
La mort de Semahurungure a été célébré chez les voisins de sa communauté alors que l’annonce de la mort de Twirinde avait créé d’explosion de joie chez les premiers. Ils étaient tous deux ‘braves’ mais vus comme criminels quand vous prennent une lunette de l’autre communauté ou de l’adversaire. Semahurungure avait commis de bavures―crimes au point d’ordonner la mort des notables et surtout ; la question qui énerve est la mort de Kawaza. Des bavures de groupes armés dans un contexte d’absence d’Etat ? Tout est possible. Et dans ce cas, cette lunette donnerait l’image d’un criminel dont on célèbre sa mort par champagne. C’est dans ce sens que certains Bafuliiro, Banyindu, Babembe ont applaudi joyeusement la mort de Semahurungure.

Twirinde Ndjwapa avait été accusé, depuis plusieurs années d’être derrière et à l’origine de la criminalité qui a ciblé les éleveurs quand plusieurs dizaines d’entre eux avaient été tués à Nganja, Milimba, Matanganika, Lulenge et de milliers de centaines de vaches razziées. Sa mort avait soulagé un nombre intéressant de membres de la communauté Banyamulenge qui eteient dans le tourment et le désespoir de perdre l’un de leurs protecteurs Semahurungure. Rien ne pouvait soulager le Banyamulenge sauf la mort d’un autre chef de file comme Twirinde. La mort est célébrée d’un côté car quelqu’un est criminel ; mais choquant car ce criminel l’ait devenu pour de raisons incluant la protection de sa communauté ou ne l’est même pas. C’est dans ce sens que Ndjwapa, le père de Twirinde et de plusieurs autres « vaillants combattants » qui se sont donnés corps et âmes pour protéger le siens, a été abattu avant-hier.
Ndjwapa à qui le fils a pris le nom était un vieux de 70 ans. Il était père d’une grande famille dont ses enfants appartiennent à deux femmes. Il était très connu et grand éleveur de bovins dont la famille a au moins une centaine de vaches. Il aurait été tué par les hommes du Général Twirinde. Twirinde a comme propre nom Kazungu, certaines indiscrétions ont signalé. Mzee Ndjwapa aurait été victime de deux possibles scenarios. D’une part, il est soupçonné d’avoir « maudit » son fils pour de raisons de mésententes familiales. De ce fait, il est le premier à payer le prix de ces « gri-gris » du Général Twirinde qui n’ont pas tenu pour longtemps. Avait-il condamné cette tendance belliqueuse de son fils et lui dirait qu’il ne rentrera pas de ce périple de guerre ?
Bien qu’incompréhensible, ce plausible scénario est le plus probable. Le deuxième scenario est que Ndjwapa aurait sollicité une part dans le butin de vaches qui ont été razziées à Minembwe. Pour prétexte de l’éliminer, ses bourreaux ont décidé de passer par le premier scenario en lui tirant dessus par Kalachnikov. Tout compte fait, l’explication d’avoir profaner une malédiction au vaillant protecteur ne devait pas épargner ce vieux papa. Dans le village de Ruhoboka à Mirimba, la famille respectueuse de Ndjwapa fait un double deuil pour avoir mis au monde un « vaillant » ; mais, incapable de le protéger par prière ou « dawa ». Ndjwapa, le père aurait été aussi victime de ses tendances pacifistes et ne voulait pas que son fils s’engage dans les affrontements qui opposent les communautés ? Difficile de tout comprendre en ces moments difficiles.
Pour preuve que nos criminels sont nos vaillants, leurs morts n’ont pas seulement fait un choque mais nous avons et allons organiser des cérémonies de recueillement et de deuil. Alors, s’ils ne sont pas criminels, comment la mort était célébrée ailleurs ? Et s’ils sont criminels comment se fait-il leur mort est célébrée ailleurs et pas chez les siens? Votre inquiétude et questionnement me vient en tête : vous vous posez une question de savoir qui est alors le criminel ? Ma réponse est vague. Nous sommes peut-être de criminels car nous essayons de remplir la mission qui n’est pas la nôtre ? Pourquoi invitons-nous dans les affaires des autres ? Peut-être parce qu’eux aussi ne savent pas que cela est leur mission. Votre réponse est NON. Vous vous dites que je joue avec mon ordinateur ? Vous avez totalement raison !
NTANYOMA R. Delphin
PhD Researcher in Conflict Economics
The Institute of Social Studies/
Erasmus University Rotterdam
Twitter: https://twitter.com/Delphino12
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