
La guerre n’est pas un jeu comme le football. On ne l’engage pas pour s’amuser car elle est souvent incertaine. Il faut des matériels, logistiques et des hommes qui vont combattre sur le champ de bataille pour engager une guerre. Tout le monde ne s’accorde pas sur cette approche et c’est aussi le cas au sein de la Rwanda Defense Force (RDF). Elle cause de milliers de dégâts pour les populations civiles prises entre les combats. Toutefois, indépendamment de tous les risques diplomatiques, sécuritaires et humanitaires que cela poserait, Kagame est déterminé à prendre la ville de Goma. Après Goma, il va engager un front intense vers le Sud-Kivu, avec comme premiers objectifs : Aéroport de Kavumu et la ville de Bukavu.
Sans soutien de qui que ce soit, Kagame est prêt à affronter la RDC, le Burundi et des Etats de la région de grands lacs. Il est prêt à affronter l’Afrique du Sud et les unités de la SADC (SAMIDRC). Pour avoir eu l’occasion de créer une « buffer zone » et s’assurer que la guerre ne peut facilement atteindre le sol Rwandais, Kagame est prêt à défier ses voisins du Nord et de l’Est mais aussi de ne pas craindre les sanctions que pourront imposer la « communauté internationale », y-compris les « alliés ». Face à des défis majeurs que posent cette guerre, Kagame est prêt à déclarer que ses troupes sont sur le sol Congolais. Devant une « menace » que Kagame considère comme personnelle pour son régime, il semble ne pas avoir d’autres choix si ce n’est qu’engager une guerre. La RDF est-elle à mesure de mener une guerre pour longtemps ?
Isolement & RDF à l’assaut
Rwanda Defense Forces (RDF) n’opère jamais sous les caméras. Il est difficile d’accéder aux informations autour de ses mouvements et déploiements dans plusieurs coins du monde. Toutefois, de sources indiquent que le Lieutenant Général Moubarak Muganga est lui-même sur la ligne de front. Le Chef d’Etat-Major de la RDF a relocalisé son Quartier Général vers l’Ouest du Rwanda, dans le district de Nyabihu. Nyabihu est le dernier district avant d’entrer vers Gisenyi (Rubavu). Il serait possible que le Gén Moubarak Muganga fait des navettes par hélicoptère (pour un suivi rapide) entre Gisenyi (Rubavu), Karongi et Rusizi en vue de s’assurer que tout est en ordre. Gisenyi est en face de la ville de Goma, Karongi est sur le lac Kivu alors que Rusizi est en face de la ville de Bukavu.
Pour des raisons qui restent inconnues pour un grand nombre des personnes, Paul Kagame est presque isolé au sein de la région des pays de Grands Lacs d’Afrique. Face à l’isolement et menaces probables, Kagame est prêt à toutes les éventualités. Il est prêt à tout sacrifier, son « honneur » et son statut d’un Président qui a reconstruit le Rwanda après le génocide de Tutsi en 1994. Bien que la RDF ait longtemps intervenu dans les guerres en RDC et accusés des violations et crimes, le Rwanda avait construit son renom comme une armée contributrice des troupes au service de la paix dans les missions des Nations Unies et au sein de l’Union Africaine.
Complot ou personne ne veut Entendre Kagame?
Ces dernières années, le régime Kagame est accusé de violations multiples de droits humains et surtout par ses anciens alliés. Son soutien au M23 est perçu comme « la goutte d’eau qui fait déborder la vase ». Entre les lignes, des observateurs lisent une frustration personnelle qui exprime une peur d’un complot contre lui et son régime.
Durant le déjeuner diplomatique offert aux ambassadeurs et diplomates accrédités à Kigali, le 16/01/2025, Kagame avait déclaré « I’m just saying, please also understand us and understand the people you’re dealing with. We are not the same old idiots you dealt with 50 years ago”. J’insiste, voudriez-vous vouloir nous entendre aussi et considérer les gens avec qui vous vous entretenez, on peut traduire. Nous ne sommes plus ces « idiots » avec qui vous avez parlé, il y a 50 ans. On peut difficilement croire que ce message était destiné aux Présidents Tshisekedi ni moins au Président Burundais, Evariste Ndayishimiye. Dans ce même discours, Kagame avertit l’audience “I can’t afford to behave the way you want me to behave in dealing with this problem”. On peut traduire, dans ce conflict (RDC et Rwanda), je ne peux pas supporter de me comporter comme le voulez.
Ces discours et signaux sur le terrain des affrontements indiquent que Paul Kagame a décidé d’engager une nouvelle phase dans cette guerre dans laquelle RDF soutient le M23. La guerre est sur la porte de Goma. Des milliers de personnes Congolaises qui ont fui leurs localités pour trouver refuge autour Goma Indépendamment de n’importe condamnation, des Etats Unis, de l’Union Européenne, ou du Royaume Uni, Kagame est prêt à défier la « communauté internationale ». Il est prêt à contrôler Goma, Bukavu et l’Aéroport de Kavumu mais aussi de foncer vers le sud du Sud-Kivu pour affronter et confronter l’armée Burundaise. Ça va coûter cher en termes de vies humaines et logistiques, une telle aventure va probablement diviser son armée, mais c’est le choix « optimale » pour Kagame. Kagame serait même prêt à déclarer officiellement que son armée (RDF) est sur le territoire Congolais pourvu que cela allège la peur et tire le temps pour son avantage dans quelques mois.
Dans ce contexte tendu, que son Etat-Major ainsi que le Gén Moubarak Muganga veulent s’assurer que tout est en ordre, s’assurer du moral des unités de la RDF qui sont prêtes à être engagées sur le front. Cette phase de la guerre entre le Rwanda et la RDC sera extrêmement dramatique. Il faut mes mesures et mécanismes pour la prévenir.
Réduire l’Escalade et Protéger les Civiles
La guerre autour de Goma va affecter au moins 2 millions d’âmes. Tellement dramatique en termes de crises humanitaires. La population de Goma est encerclée dans toutes les directions, elle fait face à la coupure de l’électricité mais aussi de l’eau. Il y a un danger imminent car les affrontements sont autour de la ville. Les déplacées de la guerre dans plusieurs autres localités et territoires sont presque triplement affectées par cette guerre.
La communauté internationale a le pouvoir d’intimer aux belligérants de stopper les hostilités et les affrontements, revenir aux tables de négociations. Il faut relancer le processus de Luanda et y-inclure sur son agenda les discussions de la crise régionale mais aussi revisiter le processus de Nairobi. Les belligérants ne doivent prétendre renforcer leurs positions politiques et militaires au détriment d’un grand nombre de la population Congolaise, longtemps meurtrie.
Equipe Eastern Congo Tribune
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