
Comme d’habitude, le Président de la République Démocratique du Congo (RDC), Felix Antoine Tshisekedi a offert un déjeuner diplomatique aux Ambassadeurs accrédités à Kinshasa. Devant une audience d’à peu près 150 ambassadeurs et diplomates, le Président Félix Tshisekedi est revenu sur les grandes questions de l’actualité RD Congolaise et les perspectives de coopération entre son pays et les autres partenaires et Etats. On pouvait s’y attendre, le président a abordé les questions sécurité, de la diplomatie et du développement économique.
Dans ses mots, Tshisekedi a indiqué que ce moment indique la nécessite d’échange de bonnes relations qui vise la coopération et de soutien mutuel. Le président est revenu sur le fait que la coopération bilatérale et internationale a l’instar de l’accord avec le FMI de 2,9 milliards de dollars renforce la résilience financière de la RDC. Tshisekedi ne devait pas rater cette occasion pour rappeler l’importance de la RDC dans le cadre de lutte contre le réchauffement climatique en ce moments ou le monde est confronté aux problèmes de développement durable et de multiples défis environnementaux.
Dirigeant un pays immense, pauvre et plus corrompu au centre de l’Afrique, Tshisekedi a mis l’accent sur l’éducation et la transparence comme piliers pour la réussite du Congo. Il a appelé à la solidarité régionale et au respect des droits humains pour l’intérêt collectif de la stabilité de l’Afrique.
Dans son discours, Tshisekedi a abordé les défis sécuritaires, spécifiquement les conflits à l’Est, mettant en lumière la nécessité d’une action internationale concertée pour stabiliser la région. Toutefois, il ne devait pas oublier de répondre au Président Paul Kagame du Rwanda.
1. Démocratie en RDC et au Rwanda ?
Le 16/01/2025, le Président Kagame avait offert le déjeuner diplomatique aux Ambassadeurs accrédités à Kigali. Durant ces moments d’échanges qui n’ont principalement que parlé de la RDC, Kagame a ouvertement et publiquement affirmé que Tshisekedi n’a jamais gagné aucune de ces deux élections (2018 et 2023). Un scandale diplomatique, mais les deux pays voisins sont en guerre, et presque tout est permis d’être dit sans suivre les principes diplomatiques.
Dans son introduction et sans devoir citer au Rwanda, Tshisekedi a la 1ere minute de son discours a souligné que le Congo est démocratique et non une dictature.
Mesdames et messieurs, 2024 avait débuté sous le signe de la confirmation de ma victoire et de celle de la coalition politique que j’ai conduite, l’Union Sacrée de la Nation lors des élections générales de décembre 2023. Ce scrutin libre et transparent a permis au peuple Congolais d’exprimer dans toute sa souveraineté sa confiance renouvelée en notre vision et notre projet de société.
Sans tenir compte d’un passé dont les élections ont été émaillées d’insuffisances notoires, le Président Tshisekedi a affirmé que la légitimité du pouvoir émane des urnes, et que la séparation de pouvoirs garantit la stabilité politique. Pour répliquer à Kagame, Tshisekedi renchérit qu’en RDC
Nous avons fait le choix irréversible de bannir la dictature et de construire une démocratie véritablement inclusive contrairement à d’autres pays où les élections s’apparent à des répétitions d’un scénario pré-écrit avec des adversaires soigneusement choisis d’avance pour garantir un résultat inchangé.
Pour simplement dire au Président Kagame que les élections au Rwanda est un scenario prédéterminé, dont le gagnant est bien connu des années avant les urnes.
Alors que la guerre continue entre les FARDC soutenus par différents groupes armés Wazalendo contre les rebelles du M23 soutenu par le Rwanda et d’affrontements sont intenses sur différentes lignes de front, la guerre de mots indique qu’il y a encore une grande fracture entre les deux individus Présidents de la République.
2. Non aux Négociations Directes avec le M23 ?
En dépit d’énormes efforts fournis pour construire un état de droit en RDC, Tshisekedi souligne que la RDC est confrontée à la guerre qu’il a toujours appelé de l’agression. Selon Tshisekedi, malgré les efforts et la détermination de la RDC pour amorcer la crise entre le Rwanda et la RDC, le
M23 soutenu directement par le Rwanda continue de semer la terreur dans les provinces du Nord-Kivu, du Sud-Kivu et de l’Ituri, forçant des millions de personnes à fouir leur foyer pour s’entasser dans des camps de réfugiés [déplacés].
Sur la question de négociation directe avec le M23, Tshisekedi est ferme. Cette exigence du Rwanda dans le processus de Luanda
témoigne du peu de considération accordée par nos voisins aux efforts de paix. Exiger un dialogue direct avec un groupe terroriste revient à légitimer des agissements qui violent nos lois et principes fondamentaux.
Et d’affirmer « le dialogue avec un groupe terroriste comme le M23 est une ligne rouge que nous ne franchirons jamais ». L’option reste la même, Kinshasa ne veut pas de négociation directe avec ce qu’il appelle « terroristes » du M23.
Alors que les attentes de toutes et tous étaient que Luanda pourrait mettre fin à la violence au Nord-Kivu, il parait que la guerre est encore longue.
3. Sanctions contre le Rwanda
Tshisekedi a salué les efforts de partenaires qui ont soutenu la RDC, en condamnant la reprise des hostilités et l’appui du Rwanda derrière le M23. Le Président Tshisekedi a appelé à la solidarité internationale car se voyant dans une position de la RDC agressé par le Rwanda. Des preuves existent, selon Tshisekedi, en faisant allusion aux différents rapports des experts des Nations Unies.
Ces rapports « ne laissent aucune place au doutes ». Pour éviter une escalade régionale, Tshisekedi exige des efforts de pays partenaires qui vont au-delà des condamnations. Il est impérieux que « des sanctions concrètes et immédiates [soient] adoptées pour mettre fin à cette agression et prévenir une escalade régionale ». En plus de cela, il faut selon Tshisekedi « des sanctions ciblées contre le Rwanda, ses responsables militaires et politiques impliqués dans ces exactions ainsi que leurs réseaux financiers ».
Sur ce volet sécuritaire qui, pour Tshisekedi, est un problème du Rwanda/M23, le Président est revenu sur le désengagement de la Monusco, les efforts de combler les vides mais aussi le rôle que pourra jouer le programme de désarment communautaire. Alors que la RDC est confrontée à des multiples défis sécuritaires y-compris le terrorisme de l’Allied Democratic Forces (ADF) et des centaines de groupes armés locaux, il semble que Tshisekedi croit que le retrait du Rwanda et la fin du M23 donne une solution à baguette magique.
Equipe Eastern Congo Tribune
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