La République Démocratique du Congo (RDC) étant un gigantesque énergétique, elle renferme tout au moins 52% de l’ensemble des eaux africaines. Alors qu’elle a plus de 500 sites de production hydro-électrique, le pays a toujours du mal à servir sa population en matière d’électricité et en eau potable. Au-delà des potentialités en minerais comme bauxite, coltan, cuivre, cobalt, diamant, or …, le pays a aussi ces immenses sources d’eau qui peuvent générer d’électricité au point de servir toute l’Afrique. Il est fort possible que ces potentialités énergétiques peuvent servir aussi le monde. Toutefois, le secteur d’électricité en RDC, géré pendant longtemps par le monopole de la Société Nationale d’Eau et d’Electricité (SNEL) est au niveau le plus bas au point de penser à la libéralisation de ce secteur comme alternative.
Semble-t-il, la libéralisation du secteur d’électricité est conçue dans la logique d’avoir une alternative à la faillite, spécifiquement de ce secteur, mais aussi de l’Etat dans l’ensemble de ses domaines d’actions. Cette faillite peut se résumer en comparant le taux de couverture d’électricité par rapport aux potentialités existantes. Sur base des statistiques à fiabilité discutable, seul 9% de la population congolaise ont accès à l’électricité. Ce pourcentage constitue, en termes numériques, 6.750.000 sur une population estimée aux environs de 75.000.000. Un aspect étonnant est qu’en milieux ruraux, cette couverture est seulement de 1% ; alors qu’à peu près de 70% de la population congolaise y vivent. Donc, il s’agit de 525.000 personnes qui accèdent au courant électrique en milieu rural sur une estimation de 52.500.000. Ces statistiques en dit plus.
Devant un tel manquement, l’option choisie par les gouvernants est de condamner la SNEL comme ayant failli à sa mission et initier la libéralisation de ce secteur. La libéralisation étant un processus par lequel un domaine resté monopolisé par l’Etat s’ouvre à la concurrence privée, ses réalisations restent controversées. Il peut s’agir d’une concurrence des entreprises à capitaux privés ou l’arrêt graduel des subsides étatiques à ses entreprises. Dans ce dernier cas, la concurrence peut ne pas aller dans le sens de remettre les entreprises étatiques dans les mains des privés. Dans plusieurs contextes, les raisons qui motivent la libéralisation sont l’encouragement de l’innovation, la qualité de services à moindre couts etc. Toutefois, la libéralisation tend vers une privatisation ou une introduction des capitaux privés dans les entreprises jadis étatiques. La cessation des systèmes subsidiaires appellent les entreprises à recourir aux différentes formes d’accroitre des fonds.
L’article s’intéresse sur les enjeux de la libéralisation du secteur d’électricité en RDC. En premier lieu, il est à noter que l’énergie constitue un secteur clé dans le développement d’un pays ; et ce dernier temps, elle se positionne comme une priorité vitale pour l’ensemble du monde. Etant un bien public d’importance capitale, sa libéralisation devrait aussi constituer une affaire légitime. L’article se permet d’émettre des réserves par rapport à la décision des représentants du « peuple » qui ont entrepris cette démarche. Vous vous souviendrez que ces élus du « peuple » trouvent normal l’augmentation de leurs avantages jusqu’au point de gagner annuellement plus de 500 fois par rapport à leurs concitoyens qui leur ont délégués. D’où, l’intérêt de libéraliser la production et la distribution d’électricité peut ne pas appartenir en substance à l’intérêt du peuple. A mon avis, cette démarche et ses motivations restent discutables.
En deuxième position, rien ne garantit le succès de la libéralisation d’un secteur qui exigerait une dose de régulation pour mieux satisfaire tous les consommateurs, ceux de gros et de détails. De ce fait, pour mieux satisfaire tous ces consommateurs, une attention particulière à retenir est le pouvoir d’achat de la population locale et surtout en milieux ruraux. Bien que les adeptes et défenseurs du libéralisme économique croient en compétition comme moyen de réduire les prix sur les marches ; le pragmatisme peut quelque fois prouve le contraire. L’expérience de libéralisation d’énergie dans d’autres pays peut servir de base pour juger le cas probable de la RDC. Alors, la distribution de l’électricité pour les consommateurs moins démunis peut ne pas intéresser les investisseurs dans ce domaine. D’où, la question à résoudre est la régulation des prix abordables pour un grand nombre de la population locale et qui risquerait d’entraver la libéralisation.
La libéralisation d’un secteur n’est pas à isoler du cadre macroéconomique en général. En dehors de l’environnement macroéconomique qui doit être attractif, la libéralisation de l’électricité exige d’institutions fortes à mesure de gérer et arbitrer les tendances spéculatives. Cette exigence rappelle le climat d’affaires en RDC ainsi que le caractère corruptif caractérisant plusieurs institutions congolaises. La libéralisation nécessite aussi l’accès symétrique d’information de la part d’investisseurs et consommateurs des détails ; mais aussi la mise en place d’autres infrastructures de base ainsi que la stabilité. Deux inquiétudes se soulèvent à ce niveau : ces institutions existantes sont-elles à mesure d’accompagner cette libéralisation ? En outre, la libéralisation ne deviendra-t-il pas une excuse à la faillite ? Le tweet du gouverneur du Nord-Kivu peut vous révéler cette tendance.
Enfin, l’article craint que la libéralisation du secteur d’électricité en RDC ne finisse pas par servir les grands consommateurs comme d’industries extractives de minerais au détriment de la population locale. Cela s’expliquerait par des choix d’investissements privés qui basent leurs calculs aux risques à encourir et gains à court et moyen terme. L’article suggère alors : Que des reformes soient entreprises pour établir d’institutions fortes dans d’autres domaines et surtout endiguer la corruption. Le pouvoir public doit toujours s’impliquer dans ce secteur clé au profit des consommateurs à faible revenus, donc la population locale.
Dans la mesure du possible, la gestion des sites de production hydro-électriques pourrait se faire en termes d’organisations coopératives pour donner une chance aux investisseurs locaux à court des capitaux de mettre ensemble leurs fonds. Ces coopératives peuvent amener la population locale de tenir un œil sur ces biens publics précieux et éviter d’acharnements dans le long terme. La mise en place d’infrastructures publiques de base, la sécurité et la stabilité serait nécessaire. La déconcentration du pouvoir dans les mains de Kinshasa pourrait, d’une ou d’une autre, faciliter l’accès et la gestion régulière du processus de libéralisation.
Ntanyoma R. Delphin
Compte Twitter @delphino12
Email: rkmbz1973@gmail.com
C’est une bonne idée mais quel sera l’avenir de la SNEL qui fasse à une grande concurrence pourrait perdre la majorité de ses clients?
Pensez-vous que la liberalisation est-elle une bonne idee? A mon avis, il s’agit d’une distraction pour n’avoir pas realise ses missions. L’avenir de la SNEL dependra du processus de liberalisation. Elle pourra dans le temps devenir une societe aussi privee ou a capitaux prives