
Les Médias ont parlé du Colonel Gasita Olivier, nommé depuis Décembre 2018 comme l’Administrateur ad intérim du Territoire de Yumbi, en Province de Maindombe. Comme le territoire a fait l’objet de débat ces derniers mois autour de la crise inter-ethnique entre Banunu et Batende ; sa nomination en tant que militaire Officier Supérieur des Forces Armées de la République Démocratique du Congo (FARDC) a suscité intérêt―discussion pour certains ; mais aussi de remous pour d’autres par rapport à son identité. Ces discussions, notamment sur la toile des internautes portent sur les modalités de nomination d’un officier de l’armée pour un poste civil ; mais d’autres ont évoqué son passé et prétendre qui l’a été membre du M23. Cet article s’est intéressé à son parcours du fait que cette appartenance au M23 n’a jamais eu de soubassement. De plus, ceux qui l’ont partagé se basant sur le rapport de l’ASADHO, il est clair cette appartenance ait été fondée sur une victimisation amalgamant un groupe sur base des préjugés superficiels. Et qui est le Colonel Gasita Olivier ?
Il est né vers mi 70s à Gitasha, un village entre Mikenke et Mikalati pour ceux qui connaissent le Haut Plateau Minembwe-Itombwe. De 1982-87, il fait en partie son école primaire à Gahwera/Minembwe pour deux ans et le reste de quatre années à Uvira. De 1988-1994 (inclus l’année blanche de 1991-92), il étudie à l’école secondaire Mwanga à Uvira et y décrocha son diplôme des Humanités. Il est toujours basé à Uvira jusqu’à la veille de la campagne de Mzee Laurent Kabila et ses forces « Afdliennes ». En Septembre 1996, il survécut aux tueries qui ciblant sa communauté dans la cite d’Uvira et ailleurs au Zaïre. Lors de ces tueries, certains de ses amis intimes ont perdu leurs vies. Ce calvaire d’Uvira a duré 8 jours et par la suite, la plupart de rescapés sont renvoyés à la frontière avec le Rwanda. Un grand nombre de ces rescapés ont succombé et certains ont été jetés dans la rivière Ruzizi (nous l’appelons Rusizi dans les langues locales). Au Congo ! il n’est pas le seul à avoir vécu cette expérience bien que certaines tueries eussent ciblées particulièrement certains groupes.
RDC: Voici le Colonel Olivier Gasita, commandant des opérations militaires à Yumbi, qui fait l’intérim de l’Administrateur après l’assassinat du titulaire du poste en décembre 2018 au cours des violences à caractère soi-disant intercommunautaire. Euh, est-il vraimnent congolais ? pic.twitter.com/RmLcafltGh
— AfricaTopTweets (@AfricaTopTweet) January 27, 2019
Dans l’immédiat, il rejoignit la campagne AFDL après une formation militaire au sein de la rébellion de Mzee Kabila. A la fin de cette formation, il fait partie de l’équipe Commandant Freddy Mukiza. Comme membre de l’équipe escorte autour du Commandant Freddy Mukiza Ntayoberwa, il servant sous le drapeau dans Kalemie, Lubumbashi, Kinshasa, Nyabibwe et Uvira. De 1996-98, en tant que chef de cette équipe autour du Commandant Freddy, son expérience est émaillée encore une fois d’embuches au point qu’il décida de ne plus se raser les cheveux. De Septembre 1998 au Janvier 2007, il résolut de ne plus se faire coiffer au modèle de Samson. La référence de Samson se trouve dans un livre de Juges (si ma mémoire est bonne), dans l’ancien Testament pour ceux qui n’ont pas longtemps consulté la Bible. L’éminent commandant Freddy qui succomba dans les circonstances floues en 1998, était son bon modèle mais celui des autres militaires. Freddy fut arrêté dans le dossier de Kalemie quand un groupe soutenant Commandant Segabiro Moise et Freddy contre celui du Commandant Lukole Madowadowa s’affronta. Ces affrontements qui auraient été manipulés quelque part, conduisant à la mutation de deux premiers alors qu’enfin le Commandant Lukole sera de nouveau nommé commandant Brigade Kalemie. Certains observateurs voient une main invisible et ceci conduisit probablement a l’exécution de centaines de militaire Banyamulenge à Kalemie lors de l’éclatement des nouveaux rebelles.
L'adjoint de celui-ci ne pouvait il pas assurer l'intérim ? Un militaire à la tête d'une administration territoriale c'est flippant surtout que celui-ci est un ex-M23. @JJPWondo Qu'en pensez-vous ? https://t.co/A4cjZUC7wu
— Nombril (@coeurafro) January 27, 2019
Après une durée d’arrestation à Kinshasa, Segabiro est muté à Kindu comme comandant Brigade alors que Mukiza Freddy est nommé commandant Bataillon à Nyabibwe. Dans la foulée, une mutinerie éclate autour des dossiers―doléances accumulés depuis le début de la campagne AFDL. Un groupe de commandants se rétractent vers Bwegera-Lemera ayant une liste de demandes. Commandant Freddy est envoyé comme émissaire en vue de convaincre ses pairs. Il resta dans la région afin de prêter une main au commandant d’Uvira jusqu’à la veille de la campagne RCD. Durant toute cette période, Gasita Olivier est toujours à côté du commandant Freddy. L’expulsion du « Chef d’Etat-Major Général » Kabarebe James à Kinshasa ouvre la Boite à Pandore dont Lulimba en fin territoire de Fizi n’a pas été épargné. Commandant Freddy qui avait à maintes reprises exprimé son désir de voir le FAC s’émanciper par rapport aux manœuvres « d’alliés » est subitement ordonné d’intervenir à Lulimba aux côtés de Ya Tokos. Ya Tokos est le commandant des opérations en zone d’Uvira, servant comme l’adjoint du Commandant Gakunzi Sendoda, appartenant au même groupe que Freddy Mukiza. La situation est volatile au point que Freddy était le seul qui pouvait admettre d’aller a Lulimba. En cours de route, une situation change à leur insu et ils décidèrent tous de rebrousser chemin au niveau de Baraka. Freddy tombe dans un complot au niveau de Lusenda dont personne ne saurait expliquer l’origine. Il s’agit d’un autre débat.
Jusqu’au dernier jour de la mort de Freddy Mukiza, le colonel Gasita Olivier est toujours sa main droite et chef de son escorte. Dans ces circonstances floues, commença le RCD dont la plupart de ces commandants dans la zone d’Uvira rejoignant involontairement ; car mis devant un fait accompli. Par la suite, le Colonel Gasita œuvrant dans la zone de Ruzizi, Mboko ou Minembwe/Bibogobogo. Du commandant peloton, à la compagnie en passant par l’Administrateur de Bataillon au commandant Bataillon, Gasita est la personne que sa famille biologique croit être intransigeant. Plusieurs sollicitations de l’amener d’Uvira à Goma ont échoué alors qu’il pouvait facilement se retrouver à la « Congolaise ». Certains de ses familiers proches avaient un pouvoir de décision au sein du cercle restreint du RCD. Même si cela aurait été une manouvre de fragiliser cette « poche de résistance interne » d’Uvira, ces sollicitations auraient dû lui rapporter un bon poste au sein de l’armée rebelle. Il avait presque tous les atouts sauf son intransigeance. Il connut un accident vers 2001 alors qu’il est au sein de l’administration de la zone opérationnelle d’Uvira et décida d’aller se faire soigner au Burundi. Dans les conditions de convalescence, il décida re reprendre ses études universitaires au Burundi quand éclata la résistance dite de Minembwe ou résistance Masunzu.

En Avril 2002, il traversa clandestinement pour rejoindre cette résistance et est nommé dans un bref délai comme commandant Adjoint du groupe. Durant toute cette période qu’il œuvra à Uvira, il était reconnu pour son activisme contre cette instrumentalisation que quelqu’un peut appeler un « baby-sitting phenomenon ». De 2002-2004, il est la main droite du commandant Masunzu avant qu’une dissension interne éclate encore une fois. L’objet de cet article n’est pas de discuter cet aspect de dissension ; mais ceux qui suivent de près la région de l’Est du Congo peuvent imaginer plusieurs scenarios. Du 27 Janvier 2004 au Décembre 2006, il est en prison à Minembwe pour des raisons moins connues par l’opinion publique. A la suite de plusieurs tractations, il est apparemment libéré en Décembre 2006 et envoyé à Kisangani. Il arriva à Kisangani en Janvier 2007 ; y resta sans aucune nomination jusqu’à la veille du M23. Le Commandant de région militaire de la Province Orientale lui collant cette notion d’appartenir au M23 ; et un vol spécial est venu l’amener à Kinshasa vers Aout 2012. Il est difficile dans les conditions actuelles d’affirmer ou infirmer qu’il avait décidé de rejoindre le M23. S’agissaient-elles de sollicitations qui pouvaient profiter de ses conditions d’encadrement au sein de FARDC ? Difficile à répondre. Mais tout de même, son passé dit quelque chose sur ses positions personnelles par rapport aux jeux manipulateurs. C’est peut-être par crainte que le Commandant de la Région Militaire de Kisangani aurait agi ; mais aussi, les intox ne manquent pas dans ces structures moins cohérentes. D’Aout-Décembre 2012, il fera 4 mois en prison au sein de la DEMIAP/Kinshasa.
Merci. Je le connais bien! Il n'a jamais été M23 mais plutôt il fût victime de cet amalgame de faciès pour qu'il soit arrêté à Kisangani par le Gen Kifwa et transféré à Kinshasa. Ceux qui le connaissent bien, savent qu'il fût l'Adjoint du Commander Masunzu depuis 2002-2004
— Ntanyoma R. Delphin (@Delphino12) January 30, 2019
Alors qu’en amena Gasita Olivier à Kisangani on lui promettant d’occuper un poste de Commandant Brigade, ça prendra 5 ans pour qu’il soit nommé officiellement officier supérieur. Il est promu au grade de Lieutenant-Colonel en 2011 et confirmé Colonel en 2016. De 2014-2015, il est nommé dans le département des Operations au sein de la Première Zone de Défense. Les confrontations à caractère ethnique à Yumbi éclatent le 16 décembre 2018, une semaine avant la tenue des élections générales du 23 Décembre. L’administrateur de Yumbi est « assassiné » en date du 18 décembre. Les FARDC sous le commandement du Colonel Gasita Olivier sont mobilisées pour mener une intervention à Yumbi. Le territoire de Yumbi est presque situé à 375 Kms en direction du Nord de Kinshasa tout au long du Fleuve Congo. De l’autre côté du fleuve se trouve le territoire de Makositoko au Congo Brazza. Commandant des opérations de Yumbi, il est alors aussi nommé comme Administrateur a.i d’un territoire qui se déchire. Les informations concordantes font étant des milliers de morts entre les deux ethnies dont l’une considère l’autre comme n’ayant pas droit à la terre. Les uns seraient venus de l’Angola alors que les autres sont venus de l’Ubangi. Nous nous entretuons juste parce que nous avons hérité cette notion de la « première appartenance » ; alors qu’il s’agirait d’une construction sociale.
La procédure légale de nomination est discutable pour ceux qui maitrisent mieux ce domaine. Le mien est de rappeler le lecteur que nos propos peuvent nuire de près ou de loin et surtout quand ils sont manipulateurs. Le Colonel Gasita Olivier a cette mission complexe de rétablir la stabilité dans cette région distante de milliers de Kms de son village natal. Le jugé par son faciès serait inapproprié car l’amour de la patrie n’a rien à faire avec la couleur de la peau ni du nez. C’est un sentiment qui anime et attache quelqu’un à son territoire.
NTANYOMA R. Delphin
PhD Researcher in Conflict Economics
The Institute of Social Studies/
Erasmus University Rotterdam
Twitter: https://twitter.com/Delphino12
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