
Pourquoi Kinshasa manipule autour de la présence de FNL et Red-Tabara ?
A Minembwe et dans les Hauts Plateaux d’Uvira-Fizi et Itombwe, la situation sécuritaire continue à se détériorer. Alors qu’il y a des problèmes locaux dont principalement la non-acceptation de communautés dites « non originaires », les groupes armés étrangers y ont joué un rôle majeur dans les attaques contre les civiles. Particulièrement, la présence des groupes Burundais dans la région a, ces dernières années, contribué à la détérioration de relations entre les communautés mais aussi ils se sont engagés dans les attaques à caractère génocidaire.
Depuis les années 1993, plusieurs groupes rebelles Burundais ont érigé leurs bases en territoire d’Uvira, Fizi et Mwenga. Tous ces groupes y avaient (ont) pour mission de trouver des zones qui leur serviraient de bases-arrières pour attaquer le Burundi et changer le pouvoir. Les derniers de ces groupes sont les Forces Nationales de Libération-Palipe-Hutu qui s’est établie dans les moyens plateaux d’Uvira vers les années 2010. Le FNL a été rejoint par deux autres groupes vers 2016.
1. Contestation au Burundi
A la suite des contestations du troisième mandat du feu Président Pierre Nkurunziza ainsi que le coup d’état manqué de 2015, deux autres groupes se sont installés dans les trois territoires du sud Sud-Kivu. Il s’agit de Forces de Républicaines du Burundi (FOREBU) et la Resistance pour un Etat de Droit (Red-Tabara). Le groupe Forebu est enfin devenu les Forces Populaires du Burundi (FPB).
C’est en début 2016 que les deux groupes (Red-Tabara et FOREBU) ont commencé à s’introduire et établir des base-arrières vers les moyens plateaux de Fizi (pour le Red-Tabara) et Uvira (pour le Forebu). Des sources bien informées locales et celles des Nations Unies ont affirmé que les deux groupes avaient un soutien logistique et financier de Kigali. Après deux attaques meurtrières menées par les combattants de Red-Tabara, le Forebu s’est vu complètement anéanti. Les attaques contre FOREBU ont eu lieu vers le troisième trimestre de 2016.
Les derniers de groupes Burundais qui sont restes actifs dans cette zone sont le Red-Tabara et le Front de Libération Nationale (FNL) du Général Aloys Nzabampema. Depuis 2017 et plus particulièrement vers les années 2019 a nos jours, ces rebelles Burundais dont principalement le Red-Tabara ont activement coopéré avec les groupes locaux MaiMai et Biloze-Bishambuke pour tout détruire chez les membres de la communauté Banyamulenge dans les trois territoires.
La coalition entre MaiMai/Biloze-Bishambuke est bien connue localement mais aussi par des sources au sein des Nations Unies et des organisations internationales. On peut même affirmer que cette réalité d’alliance est bien connue par les services de renseignement de Forces Nationales de Défense du Burundi (FNDB) qui ont opéré dans les Hauts Plateaux du sud Sud-Kivu pendant au moins 3 ans consécutif.
2. Position officielle de l’État congolais
La position de l’Etat Congolais et de Forces Armées de la République Démocratique du Congo (FARDC) inquiète et nécessite une interpellation. La position de l’État congolais face aux Red-Tabara a été caractérisée par une volonté affichée de manipuler l’opinion mais aussi de trouver un soutien de la part de la communauté internationale et des experts des Nations Unies.
Vers avril 2021, l’Etat Congolais avait instauré un ‘état de siège’ dans les provinces du Nord-Kivu et de l’Ituri. Le Président Tshisekedi répondant à une question sur pourquoi la province du Sud-Kivu n’a pas été alignée pour y établir cette mesure d’urgence, il répondit, la violence au Sud-Kivu n’a rien de semblable avec l’Ituri et le Nord-Kivu. Dans les termes clairs et confidents, Tshisekedi affirma qu’il n’y a pas des groupes armés étrangers au Sud-Kivu.
Quelques semaines après l’intervention du Président Tshisekedi (29/05/2021), le porte-parole FARDC, Secteur Opérationnel Sukola 2, le Capitaine Dieudonné Kasereka a affirmé que les rebelles Burundais Red-Tabara en coalition avec le groupe MaiMai Ilunga Rusesema ont activement participé dans les attaques qui s’étaient déroulées dans le Groupement Bijombo. En date du 12-14/07/2021, le Président Evariste Ndayishimiye visitera officiellement Kinshasa. Le matin du 13/7/2021, le Porte-parole de FARDC, le Général Léon-Richard Kasonga va lancer un communiqué comme quoi il y a des groupes Burundais dits FNL (Front National de Libération) et Red-Tabara (Resistance pour un Etat de Droit – Tabara) au Sud-Kivu. Dans sa communication, le Général Kasonga n’a pas indiqué si ces rebelles se seraient installées entre 29 avril et 123 juillet 2021.
Il est à comprendre que Kinshasa & le FARDC avaient trouvé impossible de cacher cette réalité au moment de renouer les relations avec Gitega.
D’une manière inattendue, le Général Kasonga affirma que le FNL et le Red-Tabara ont été alliés au groupes Makanika, Twigwaneho, Gumino et Android… Par la suite, ce narratif ait pris pour « vrai » dans les médias, les membres de la société civile, les experts des Nations Unies et même le Prix Nobel de la Paix. Depuis 2017, Red-Tabara et FNL ont été en alliance active avec des groupes armés locaux MaiMai et Biloze-Bushambuke. Ils ont eu pour base la localité de Masango (Uvira), autour de MaiMai comme Ilunga Rusesema, Kashumba, Kibukila…
Vers 2022, ces rebelles ont été chassé de Masango et se sont repliés vers Lulenge (Fizi), précisément à Kabanja et Matanganika (Fizi territoire), la zone sous contrôle de MaiMai Ngomanzito et Yakutumba. Encore une fois, ils ont opéré ensemble pour attaquer les villages Banyamulenge à Minembwe. C’est entre juillet et septembre 2024 que le FNDB ont engagé des attaques contre principalement Red-Tabara et ceci a fait que les MaiMai locaux et certains Biloze-Bishambuke se soient séparés de ces rebelles Burundais. Actuellement, des combats se concentrent dans la forêt d’Itombwe (Mwenga territoire).
En dépit de toute cette réalité, Kinshasa persiste sur cette perspective manipulatrice. Fin décembre 2024, le conseil de Ministre a affirmé que Red-Tabara est en coalition avec Twirwaneho et cela a été relayé par le ministre de la Communication, Patrick Muyaya. Pourquoi alors Kinshasa & FARDC manipulent même après la présence officielle de FNDB dans la région ?
3. Red-Tabara : Pourquoi Kinshasa & FARDC Manipulent ?
Quatre hypothèses peuvent expliquent pourquoi Kinshasa et FARDC manipulent autour de la présence de Red-Tabara :
1. Sous Kabila (2016 & Fin 2018
Une de raisons qui a fait que ces rebelles soient aisément introduits dans le sud Sud-Kivu c’était parce que Kinshasa et le régime Kabila voulait créer des zones de tensions entre Etats de la région mais aussi entre les communautés pour justifier le report des élections. Pendant toute cette période que les rebelles Burundais commettent les crimes contre les civiles, Kinshasa et ses services de renseignement (notamment le Général Delphin Kahimbi) croyait qu’ils pouvaient exploiter ces crises et tensions entre états et communautés. Tout le monde devait se taire et laisser les paisibles citoyens effondre d’eux-mêmes.
2. Sous Tshisekedi (2019- juin 2021)
Les trois premières années du Président Tshisekedi, il avait évité toute chose qui pourra frustrer Kigali et son « ami » Kagame. De ce fait, l’administration Tshisekedi ne pouvait pas évoquer cette question afin de ne pas irriter Kigali et plaire Gitega. Il peut aussi paraitre vrai que le Président Tshisekedi avait toujours cru que le Banyamulenge sont à l’origine de tous les maux que connait la RDC. Comme ces rebelles Burundais ne tuaient que principalement le Banyamulenge, les grands politiciens du Kivu ne se sentent pas concernés par cette affaire. Alors que certains pouvaient d’ailleurs applaudir cet état de lieu, d’autres politiciens se sentent simplement indifférent vis-à-vis de ceux qui mourraient. Des officiers au sein de FARDC qui connaissaient les tenants et les aboutissants de cette présence espéraient des zones de tensions pourront affaiblir les nouveaux dirigeants.
3. Sous Tshisekedi (Juillet 2021 à nos jours)
Pendant cette période, les relations changent, et le Burundi devient un « bon » allié. Ceci impose que la présence de Red-Tabara/FNL au Sud-Kivu soit publiquement évoquée. Toutefois, l’administration Tshisekedi et lui particulièrement ne veulent pas donner raison aux membres de la communauté Banyamulenge qui avaient longtemps crié et demandé la protection. Pour ce faire, il faut créer une confusion autour de qui est allié au Red-Tabara. Ceci n’est que possible si l’état Congolais réduit au silence toutes ls voix qui demandent justice sur cette question.
4. Occasion d’Eliminer le Banyamulenge
Au niveau local et les extrémistes, la coalition entre les Red-Tabara-FNL était une occasion pour espérer réaliser ce rêve d’en finir une fois pour toute avec le Banyamulenge. Cette fois-là, il y avait une garantie comme quoi des « alliés » dans la région ne vont pas intervenir. Et ce fut le cas. Entretenir la manipulation après toutes ces atrocités est applaudi par ces catégories de personnes. D’une part, cette manipulation autour de qui est allié de qui dédouane les groupes armés qui avaient coalisé avec les FNL et le Red-Tabara. Ces groupes peuvent actuellement opère avec les forces Nationales de Défense du Burundi pour attaquer ces rebelles. De deux, ce narratif est soutenu par les acteurs de la société civile au Sud-Kivu qui n’avaient jamais condamné la présence de ces Burundais alors qu’ils ont commis assez d’atrocités dans la région
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