
Depuis les années 1990, l’Est de la République Démocratique du Congo, l’ancien Zaïre de Mobutu est confronté à des crises sécuritaires incessantes. Ces crises font des dégâts humains en millions, elles détruisent le tissue social et impactent l’avenir des générations futures. C’est en 1996, pendant une période cruciale de transition liée au « multipartisme » et a la « démocratisation » qu’est survenu la première guerre du Congo conduit, selon ce qu’on nous avait dit par Laurent Desiré Kabila.
Faillite du multipartisme
La chute de Mobutu n’a pas pris longtemps mais aussi le nouveau « Maître » de la RDC est si vite confronté aux dissensions avec ses anciens alliés, le Rwanda et l’Uganda. En Aout 1998, une deuxième guerre éclate impliquant plusieurs acteurs et rebellions dont le Rassemblement Congolais pour la Démocratie – Goma, le Mouvement de Libération du Congo, Rassemblement Congolais pour la Démocratie – National, Rassemblement Congolais pour la Démocratie -Kisangani/Mouvement de Libération… Des efforts pour mettre fin à la guerre mondiale Africaine (Africa’s World War), des accords sont signés à Sun City en 2002. Par la suite, le pays est dit « réunifie », mais largement au profit de la classe élite, dirigeants et les nouveaux hommes/femmes fort(es) créé(e)s par des rebellions.
Négociations au profit des individus/Dirigeants
Presque tout le monde a salué les accords de Sun City et la volonté du jeune Président Joseph Kabila, fils de Laurent Kabila d’avoir privilégier la paix au détriment de la belligérance et des armes. Ce jeune Président (31 ans en 2002) venu au pouvoir en 2001 accepte de partager le pouvoir avec 4 vice-présidents. Tout semble aller dans la bonne direction et surtout que les officiels au sein des Nations Unies croyaient qu’avec un déploiement de 20.000 Casques Blues et un arsenal logistique mais financier, tout va si vite marcher. Personne ne savait pas qu’après une vingtaine d’années, ce jeune Président de la RDC pourra devenir un “exilé politique” et probablement un partisan de la rebellion.
Lizez par example: K. Annan affirme que l’accord entériné à Sun City est une occasion sans précédent de rétablir la paix et de promouvoir la réconciliation nationale au Congo démocratique (https://news.un.org/fr/story/2003/04/27002).
La situation a-t-elle marcher ? Pas du tout, et surtout pour le citoyen Lamda, peuple ordinaire. La RDC potentiellement riche, ces citoyens sont les plus malheureux de la planète. Sur 193 pays, la RDC occupe la 171e position, 22e position au bas de l’échelle selon Indice de Développent Humain (Human Development Index). La RDC est dans les conditions de développement presque similaires à celles de la Somalie, Afghanistan, Sud Soudan, RCA, Yemen, Sierra Leone…
Au même moment, la guerre n’a pas cessé a l’Est de la RDC et surtout au Kivu où des milliers de groupes armés se sont formés et se forment toujours. Après le Sun City, le Kivu (North Kivu) a connu de multiples crises sécuritaires, des guerres ayant conduit à des désastres humanitaires. Chaque fois, les accords ont été signés et applaudis.
Doha : Numbi, Kabarebe, Etumba, Kayonga & Kahimbi
Le processus de Doha (y-compris les accords de Washington entre la RDC et le Rwanda) fait partie de la longue liste des accords signés en RDC depuis 2009. Doha se focalise sur la question des accords M23 (greffé des revendications de l’Alliance Fleuve Congo/ Corneille Nangaa et al.). Objectivement, ces précédents accords se sont fait signer entre les « amis – belligérants » qui y trouvaient leurs propres intérêts.

De 2009, 2012-13, 2018, dans la plupart de cas, les accords écrits et signés étaient des résultantes de négociations entre les généraux militaires, Chefs d’Etats-Majors de la RDC et du Rwanda et sans tenir compte de la validité de revendications des autres parties au conflit. En 2009, on se souviendra du rôle joué par les Généraux John Numbi, James Kabarebe pour mettre fin à la rébellion du CNDP de Laurent Nkunda.

En 2012-13, les Généraux Didier Etumba, Delphin Kahimbi, James Kabarebe, Moubarakh Muganga… ont joué un rôle déterminant dans ce qui deviendra la défaite du M23 (version 1). Après tout ce qu’on a vécu des élections générales de 2018, il est connu que le rapprochement entre les Présidents Tshisekedi et Kagame a été négocié autour des Généraux Delphin Kahimbi et Vincent Nyakarundi ainsi que les services respectifs de renseignement de la RDC et du Rwanda.

Il est encore tôt d’affirmer que l’Est de la RDC va recouvrer la paix à la suite de négociations de Washington et Doha et d’autres qui suivront. Toutefois, la différence de Doha et les précédents accords (2009, 2013, 2018) est que peut-être, les Généraux militaires ne pourront pas influencer seuls la suite des événements. Ils pourront peut-être user d’autres formes de levier mais je pense qu’ils ne détermineront pas tout au nom de toutes les parties au conflit. Enfin, le monde peut se réveiller pour s’atteler aux vraies crises en RDC et sans mais aussi dans la région de Grands Lacs d’Afrique.
Eastern Congo Tribune Team
Leave a Reply