
Après la prise de la localité de Lumbishi et la cité de Minova, Kalungu en territoire de Kalehe, il est vrai que la guerre entre les Forces Armées de la République Démocratique du Congo (FARDC) soutenus par les Wazalendo contre le Mouvement du 23 Mars (M23) soutenu par le Rwanda a atteint le Sud-Kivu. Bien que la guerre n soit pas une chose facile, depuis le weekend du passé, le M23 tente de foncer vers l’intérieur du territoire de Kalehe mais aussi avance sur la route nationale (RN2).

En plus de la crise humanitaire causée par des affrontements, l’avancée des rebelles du M23/RDF inquiète la population de ces territoires du Sud-Kivu. La panique tend à s’installer au sein de la population, dans les fins fond du Sud-Kivu, à Bukavu même à l’aéroport de Kavumu. Ces entités sentent timidement cette inquiétude si une fois les rebelles continuent de progresser vers le sud et l’ouest.
Expérience des rebellions dans le Passé
L’un des facteurs déterminants qui a conduit de rebellions qu’a connu le Congo de s’emparer facilement des territoires était l’adhésion de presque tous pays frontaliers de l’Est de la République Démocratique du Congo (RDC) a cet agenda. De l’Alliance des Forces Démocratiques pour la Libération du Congo/Zaïre au Rassemblement Congolais pour la Démocratie (RCD) ainsi que le Mouvement de Libération du Congo (MLC) ont toutes connues l’adhésion de l’Uganda, le Rwanda et le Burundi.
A la fin de ces deux vagues (1996, 1998), il y a eu certes d’autres insurrections/rebellions (groupes armés). Certaines ont été si médiatisées comme le Congrès National pour la Défense du Peuple (CNDP) et le M23 (2012-2013), mais autant d’autres moins médiatisées car constituées par de combattants locaux qui se disent de défenseurs de la RDC contre les « agresseurs ».
Au même moment, l’Est de la RDC est devenu le bastion des groupes armés étrangers ayant de multiples motivations. Ces groupes étrangers sont de fois soutenus par les mêmes Etats de la région des pays de Grands Lacs.
La guerre actuelle que connait l’Est de la RDC a des aspects qui diffèrent de celles des années 1996 et 1998. Les positions des pays frontaliers de l’Est de la RDC ne s’alignent plus comme ce fut le cas vers ces années-là. Apparemment, l’Uganda et le Burundi semblent mener de bonnes relations diplomatiques au point qu’ils ont lancé des opérations militaires conjointes avec la RDC. Actuellement, les Forces Armées Ougandaises (UPDF) opèrent conjointement avec les FARDC dans le grand nord du Nord-Kivu et l’Ituri. Les Forces Armées Burundaises (FNDB) sont sur la ligne de front avec les FARDC/Wazalendo à Masisi et Kalehe. Sous l’autorisation du Gouvernement Congolais, les FNDB sont en opération contre les rebelles Burundais dans le territoire de Mwenga (foret d’Itombwe).
Groupes armés étrangers au Sud-Kivu.
L’est de la RDC abrite de nombreux groupes armés locaux et étrangers. La crise politique au Burundi, la contestation du troisième mandat du feu Président Pierre Nkurinziza et le coup d’Etat de 2015 a exacerbé cette présence. Depuis lors, Kigali s’est vu accuser de soutenir des opposants Burundais accusés d’avoir orchestré le Coup d’Etat au Burundi. Gitega a longtemps accusé Kigali d’œuvrer à la déstabilisation du régime en place. Au même moment, Kigali a avancé aussi des accusations comme quoi Gitega (Bujumbura) soutenait des opposants Rwandais. Ces accusations se sont exportées en RDC et plus précisément au Sud-Kivu, dans les Hauts Plateaux d’Uvira, Fizi et Mwenga. Au Sud-Kivu, le Burundi et le Rwanda se sont affrontés (par groupes interposés) depuis 2016 à nos jours. De lors, ces deux pays semblent soutenir des options et intérêts stratégiques qui divergents par rapport à la sécurité en RDC.
Lisez “Champ de Démonstration de forces entre Kigali et Bujumbura”: https://easterncongotribune.com/2018/06/20/kigali-contre-bujumbura/
Le Rwanda se plaint et craint que les Forces Démocratiques de Libération du Rwanda (FDLR) s’arment pour déstabiliser le régime en place à Kigali. Ces accusations sont portées sur les FARDC et le Burundi au même moment. D’une manière particulière, Kigali a récemment accuser les Forces Nationales de Défense du Burundi (FNDB) de collaborer avec le FDLR. Le régime en place au Burundi craint que Kigali puisse continuer à soutenir les rebelles Burundais, notamment des Forces Nationales de Libération (FNL) et de la Resistance pour un Etat de Droit (Red-Tabara qui ont pour bastion le Sud-Kivu. Les deux pays considèrent ces groupes respectifs comme une menace directe pour leur sécurité nationale. D’ailleurs, le Burundi a fermé ses frontières avec le Rwanda. Cet état de fait que les deux pays décident d’intervenir officieusement ou officiellement en RDC.
Confrontation intense entre le Rwanda et le Burundi
Les tensions croissantes entre le Rwanda et le Burundi, deux voisins de la RDC, posent un risque de confrontations intenses et directes au Sud-Kivu. En raison d’étendre leurs espaces sécuritaires, Kigali et Gitega cherchent à exercer une grande influence au Sud-Kivu. Cette influence qui passe de fois par d’appui apporte aux groupes armés locaux donnent accès aux ressources minières et de garanties de ne pas laisser l’autre sur ce terrain « inoccupé ». Les soutiens mutuels à des milices opposées aggravent la méfiance entre les deux États.
Les rivalités entre le Rwanda et le Burundi risquent de dégénérer en confrontations intenses et directes. L’avancée du M23 vers le Sud-Kivu fera certainement que le Burundi prenne des mesures sérieuses pour sa sécurité car le contrôle d’un grand territoire dans cette province pose une menace réelle sur Bujumbura, la capitale économique ainsi que Gitega. Cette confrontation directe aura de conséquences catastrophiques pour la région. Elle causera des déplacements des populations mais aussi le déploiement d’un grand nombre d’unités militaires sur le terrain. Comme d’habitude, les populations civiles seront victimes de cette confrontation mais elles paieront aussi le fort prix de cette escalade.
Ces confrontations entre le Rwanda et le Burundi pourront faire basculer les lignes rouges pour l’Uganda et pourquoi pas la Tanzanie. Il faut une approche diplomatique rapide pour sauver la région de pays de Grands Lacs. Il faut surtout des mécanismes pour protéger la population. Il est important que la Conférence Internationale sur la Région des Grands Lacs (CIRGL), l’Union Africaine et les Nations unies de prendre cette tournant au sérieux.
Equipe Eastern Congo Tribune
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